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Épuisés depuis un certain nombre d'années et publiés en volumes séparés, les poèmes d'Allen Ginsberg sont aujourd'hui de nouveau rendus disponibles, regroupés dans un volume complet, chronologique et bilingue, qui regroupe ainsi Reality Sandwiches, Planet News, Mind Breath/Plutonian Ode, Le linceul blanc et Cosmopolitan greetings.
Sur Reality Sandwiches :
Ginsberg a lui-même défini ses poèmes de sandwiches de réalité, précisant que, pour lui, " les allégories étaient autant de laitues " : ornement superflu.
" Qu'il s'agisse d'une juxtaposition de croquis brefs, ou des vastes mélopées de la malédiction des villes condamnées, c'est de la grande et vraie poésie qui éclate ici, vigoureuse, corrosive. Pas de jeu mais une redécouverte originale, quasi-sauvage, et parfois biblique dans sa rudesse concrète de l'élégie. Obsession aussi d'une origine, des images de l'Amérique précolombienne qui mènent aux géantes métropoles maudites de l'Amérique moderne. [.] Ainsi, de la vision à la destinée méditée, et aussi de la brutalité verbale à la tendresse anxieuse, Allen Ginsberg, authentique poète et vrai Américain de ce temps trouve ses images et sa musique verbale. " (Frédéric Kiesel, Le Phare de Bruxelles) Sur Planet News :
" Planet News rassemble des poèmes écrits entre 1961 et 1967 au cours de ses périples à travers le monde (Inde, Japon, Europe). Les sensations, les visions, les illusions, les hallucinations fourmillent. Souvent revient la violence verbale et désespoir solitaire comme en parade contre la violence et le " bonheur " imbécile et collectif de l'american way of life. " (Christian Lebrun, Best) " Ce que l'on trouve dans ces poèmes, c'est donc avant tout le déferlement de la réalité, chaotique et heurté, utilisant l'univers technique le plus moderne pour composer un étrange bestiaire. Cette volonté de tout absorber, de tout inclure, vient de Whitman, mais Ginsberg nous en donne une vision cauchemardesque. " Je chante le corps électrique " écrivait Whitman, mais le corps électrique a développé des muscles monstrueux sous la forme des mass media, et c'est cette Amérique-là que nous montre Ginsberg avec un sens particulier de la bouffonnerie lugubre et de l'emphase dérisoire. [.] Wichita Vortex Sutra, le poème le plus long et le plus ambitieux du recueil, traite de la perversion du langage, responsable aussi bien de la guerre du Vietnam que de la faillite intérieure de l'Amérique." (Robert Louit, Nouvelles littéraires) Sur Plutonian Ode et Le linceul blanc :
" Sentiment immédiat de l'espace, d'une fabuleuse générosité du verbe. Nous n'entrons pas dans un livre, nous sortons avec lui dehors. Nous sommes avec Ginsberg dans la rue, c'est-à-dire que nous sommes avec Walt Whitman comme s'il venait marcher à notre côté, tout naturellement. [.] Avec le chant de Ginsberg, c'est la vie qui passe comme " la rame Bronx 242e Lexington Avenue dans le crâne du vieux yogi, décrit avec un humour désespéré, s'essayant désespérément au karma dans sa cuisine. [.] La puissance formidable de cette poésie vient [du génie de Howl, paru en 1955, lorsque Ginsberg] reprenait en quelque sorte le terrible flambeau d'un lyrisme blakien d'essence mystique, apocalyptique et qu'il allait porter dans la rue, sur les routes, parmi les gueux de l'Amérique moderne. [.] : une apocalypse de traîne-savate bluesy, une parole faite pour embrasser toutes les saletés du monde, tout ce que la mer rejette. " (Michel Crépu, La Croix) " Cet exercice de sincérité poétique constamment traversé par l'humour produit une collection de textes fiévreux ou apaisés faits d'une matière en incessante transformation. Une langue dont la texture incroyablement dense et fluide, souple et coléreuse comme un être vivant, donne de Ginsberg, parmi toutes les facettes qui le composent, l'image d'un vrai poète. " (Raphaëlle Rérolle, Le Monde) Sur Cosmopolitan greetings :
Ce recueil s'inscrit, tant sur le plan de l'expression que de l'inspiration, dans la continuité du Linceul blanc. Son style s'est épuré. Un style naturel qui permet à merveille de rendre l'expérience du poète dans son quartier du Lower East Side à New York. Scènes de rue, rêves retranscrits au réveil, pensées ordinaires saisies dans l'instant, lecture des journaux, soucis de santé, constituent, de poème en poème, une thématique du quotidien traitée avec un humour tendre où se mêlent l'héritage juif et la sagesse bouddhiste apprise avec Rinpoché Trungpa, dont les funérailles sont évoquées sur un ton à la fois détaché et ému, caractéristique du poète vieillissant. Pour autant, la vigueur dans la dénonciation des aberrations politiques et du désastre écologique mondial ne faiblit pas un instant. Le grand cosmopolite qu'est Allen Ginsberg se perçoit plus que jamais comme un citoyen du monde, investi d'une mission morale qu'il remplit inlassablement avec ses amis, étudiants et musiciens associés à ce recueil dont certains textes ne font que transiter par la page pour être rythmés ou chantés sur toutes les scènes du monde. (Yves Le Pellec) Allen Ginsberg est né le 3 juin 1926 à Newark dans une famille juive. Son père est professeur d'anglais et poète ; sa mère, Naomi, milite au parti communiste. Adolescent, Allen découvre Walt Whitman. À Columbia University, il rencontre William Burroughs et Jack Kerouac. Il publie Howl en 1956. Ce long poème en prose, qui relate les expériences de Ginsberg avant 1955 ainsi qu'une histoire de la Beat Generation, dont il est l'un des membres fondateurs, fait scandale à cause de son langage cru. Il est temporairement interdit à la vente pour obscénité avant qu'un juge ne reconnaisse l'importance de l'oeuvre pour son époque. En 1961, il publie Kaddish for Naomi Ginsberg, où il relate la maladie paranoïaque de sa mère et leur relation angoissée. Dans les années 60, Ginsberg part en Inde en quête d'un guide spirituel (expérience qu'il relate dans Les journaux indiens). Le bouddhisme tibétain restera une influence importante. Suite à la mort de Jack Kerouac (1969), il compose son élégie Memory Gardens. En 1972, The Fall of America est récompensé par le National Book Award pour la poésie. Il figure ensuite parmi les finalistes du prix Pulitzer avec Cosmopolitan Greetings. Allen Ginsberg meurt le 5 avril 1997 à New York d'un cancer du foie.
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