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La robe en miel était le point d'orgue de la collection automne-hiver de Marie. À la fin du défilé, l'ultime mannequin surgissait des coulisses vêtue de cette robe d'ambre et de lumière, comme si son corps avait été plongé intégralement dans un pot de miel démesuré avant d'entrer en scène. Nue et en miel, ruisselante, elle s'avançait ainsi sur le podium en se déhanchant au rythme d'une musique cadencée, les talons hauts, souriante, suivie d'un essaim d'abeilles qui lui faisait cortège en bourdonnant en suspension dans l'air, aimanté par le miel, tel un nuage allongé et abstrait d'insectes vrombissants qui accompagnaient sa parade.
Nue est le quatrième et dernier volet de l'ensemble romanesque MARIE MADELEINE MARGUERITE DE MONTALTE, qui retrace quatre saisons de la vie de Marie, créatrice de haute couture et compagne du narrateur : Faire l'amour, hiver (2002) ; Fuir, été (2005) ; La Vérité sur Marie, printemps-été (2009) ; Nue, automne-hiver (2013).
Nue clôt le cycle de Marie entamé par Jean-Philippe Toussaint une décennie plus tôt. Le début du roman est extrêmement prenant et visuel avec ce jeune mannequin défilant dans une robe de miel poursuivie par un essaim d’abeilles. Jean-Philippe Toussaint nous entraîne dans un plan séquence maîtrisé, poétique et azimuté!
Si le style de Jean-Philippe Toussaint me séduit toujours, j’avoue m’être un peu ennuyée sur ce dernier volet et avoir été agacée par Marie, qui m’a fait penser, notamment dans la dernière partie, à la Marianne de Normal People. Tellement torturée… trop pour moi. Finalement, on pourrait dire que Marie est une femme comme les autres.
Une belle quadrilogie à découvrir pour le style de Jean-Philippe Toussaint qui ne vous laissera pas indifférent. Et puis, les histoires d’amour, ça fait toujours du bien!
Deux mois se sont passés depuis la dernière rencontre entre le narrateur et Marie. Ils s'étaient revus après leur séparation pour le décès du père de Marie, et son enterrement à l'île d'Elbe qu'ils avaient fui lors d'un grand incendie. Depuis, lui s'est installé dans un petit deux-pièces de la rue des Filles-Saint-Thomas tandis qu'elle gardait l'appartement de la rue de La Vrillière. Deux mois sans se voir, sans se parler mais à penser sans cesse à l'autre, au moins pour lui qui raconte l'histoire. pour Marie, on ne sait pas. Lorsque Marie l'appelle et lui donne rendez-vous dans un café, c'est un peu fébrile qu'il s'y rend.
Quatrième et ultime volet de l'ensemble romanesque Marie Madeleine Marguerite de Montalte, après Faire l'amour, Fuir et La vérité sur Marie. Et comme pour les autres titres, je suis sous le charme de l'écriture de JP Toussaint. Si vous ne voulez pas relire mes trois billets précédents, ce qui, évidemment n'est pas bien, car ils sont vraiment excellents, celui-ci résumera tout le bien que je pense de la série sur Marie mais plus globalement de l’œuvre de l'auteur.
D'abord, c'est superbement écrit, assez simplement, l'art de JP Toussaint n'est pas de trouver des gros ou grands mots pour faire le pédant ou le cultivé, non, son art est de construire de belles phrases -longues-, de beaux paragraphes, de beaux livres -courts- avec un vocabulaire certes étendu mais point abscons. Marie est styliste, le point d'orgue de son défilé est une robe en miel. JP Toussaint raconte le défilé et d'autres choses que l'on connaît, très pratiques, très courantes et l'on visualise aisément sans jamais s'ennuyer aux descriptions de gestes ou actes banals. Et puis, il y a cette histoire d'amour et de rupture avec Marie. Et cette ode à la féminité et à la force de Marie, sa volonté de vivre sa vie comme elle l'entend, son indépendance, sa créativité. Lui, sans être l'amoureux transi de "Ne me quitte pas" de Jacques Brel, ne vit que par le souvenir de Marie, que par sa volonté de la revoir. Le reste du temps, il vit, certes, mais beaucoup moins sereinement.
Que dire de plus si ce n'est que cet ensemble romanesque est excellent ? Si j'insiste, je vais finir dans le dithyrambe, j'aime la sobriété, je stoppe ici cette chronique.
Nue, c’est l’aventure d’une rupture qui ne parvient pas à se faire, de retrouvailles manquées, de deux êtres qui cherchent à se dire le mot de la fin. L’écriture se charge de sons, de couleurs, de gouts et d’odeurs, et d’images (la scène inaugurale du défilé tragique avec la robe en miel, et le salut final de la créatrice, est époustouflante) pour mieux dire le sensible, l’émotion. C’est un roman du fantasme, exacte frontière entre le réel et le rêve – et on y croit. Plein d’humour, avec une narration polyphonique très vivante, Nue est un livre qui rassemble. Les meilleurs lignes se lisent d’ailleurs à haute voix. Jean-Philippe Toussaint prend le ton de la lettre et inscrit sa présence au sein du roman, sous les traits de Toussaint l’apiculteur corse, ou plus tard pour la fête des morts, dans un symbolisme religieux et personnel. L’histoire de Marie, « comme nue à la surface du monde », participe bien d’ailleurs de ce symbolisme un peu trop évident. Parfois facile, l’écriture se fait légèrement sentencieuse par moments, maladroite, trop explicative. Mais ces imperfections, ainsi les fréquents changements de tons, et les surprises qui attendent le lecteur à chaque coin de paragraphes, font art. C’est l’écriture de la vie même, dans son extraordinaire complexité, dans ses failles aussi. L’héroïne l’apprendra : « La conclusion inattendue du défilé du Spiral lui fit alors prendre conscience que, dans cette dualité inhérente à la création – ce qu’on contrôle, ce qui échappe – il est également possible d’agir sur ce qui échappe, et qu’il y a place, dans la création artistique, pour accueillir le hasard, l’involontaire, l’inconscient, le fatal et le fortuit. » Jean-Philippe Toussaint, comme Marie, sont, à n’en pas douter, de grands artistes.
Avec Nue, on retrouve avec délice, dans ce dernier opus de la série désormais nommée « Marie Madeleine Marguerite de Montalte », ce couple composé du narrateur et de pétillante Marie, que l’on suit maintenant, au rythme des éditions, depuis plus de dix ans.
On les avait quitté au retour de l’Ile d’Elbe dans le troisième volume, La Vérité sur Marie. Ils sont de retour à Paris, au mois de septembre, chacun chez soi. Toujours raconté à la première personne, s’ils sont à Paris, c’est simplement pour fixer le temps, car finalement, rien ne se passera à Paris. C’est d’abord dans le passé que Jean-Philippe Toussaint va nous emmener, avant de faire avancer son histoire dans le futur.
Dans un jeu de miroirs, il se rappelle les derniers événements du début de l’année, lors de leur séjour hivernal au Japon, pour l’exposition qui avait été organisée par et pour Marie, au Contemporary Art Space, et qu’il raconte dans Faire l’amour. Mais c’est une période cachée de leur séjour japonais qu’il nous dévoile maintenant. On les retrouvera également à l’Ile d’Elbe dans un jeu de questions/réponses et de silences qui ont plus de sens que tous les mots réunis.
Après Faire l’amour, Fuir, La vérité sur Marie, on retrouve avec Nue le style envoûtant de Jean-Philippe Toussaint, cette subtilité des sentiments et du regard sur l’autre, ces questionnements inépuisables sur le couple et sur l’amour. Une nouvelle fois, c’est intime et pudique, le pathos est exclu, la finesse est présente ; le style est et reste envoûtant.
Et il faut noter la description fabuleuse de la robe de miel ; c’est au début du livre, cela prend quelques instants à lire, et cette épisode de la féérie qui s’effondre introduit sur un fond fabuleux la difficulté de la vie réelle et de l’histoire à venir.
C’est vraiment avec brio que Jean-Philippe Toussaint boucle sa série de Marie, avec la période automne-Hiver, et chanceux sont les futurs lecteurs, qui vont pourvoir maintenant lire les quatre romans d’affilés, sans avoir à attendre la prochaine parution ! En réalité, les livres peuvent se lire indépendamment les uns des autres, mais le mystère et la magie opéreront encore plus en commençant par Faire l’Amour, qui est au demeurant un vrai chef d’oeuvre.
Certes la langue est belle. Certes l'auteur a le talent pour créer une atmosphère particulière, magnétique, envoutante. Et puis après? Un suspense qui n'en est pas un, une intrigue banale et cet arrière-gout d'inachevé a la page 170. Comme si j'avais visité une exposition d'art contemporain, que tout le monde s'extasiait sur une toile blanche nuancée de gris et que je n'y comprenais rien, qu'elle ne me procurait aucune émotion et que je rentrais chez moi en me disant: ce sont tous des hypocrites ou je suis le plus grand des cretins.
Plus qu'une histoire d'amour c'est une histoire d'attente, d'interrogation sans réponse, de quiproquos, de ratés, de suspense et de suspension (le narrateur est souvent suspendu aux lèvres et gestes de Marie ou suspendu au hublot d'un musée japonais).
J'aime particulièrement les personnages secondaire esquissés, intrigants et inquiétants juste ce qu'il faut, Jean Christophe de G, Maurizio ou le chasseur invisible.
Marie, troisième opus ... On se promène du Japon à Paris en passant par la magnifique île d'Elbe et l'on vit au rythme de cet amour impossible, du manque, de l'absence et des battements de coeur que nous connaissons tous quand l'être aimé arrive ... et s'en va.
Un beau roman d'amour !
L'histoire de cette Marie commencée depuis 11 ans par J.P.Toussaint se termine avec cet opus .Après "Faire l'amour","la vérité sur Marie et "Nue",la boucle est bouclée;Ce roman ci commence par un défilé de mode à effet visuel incroyable:une jeune femme mannequin sur laquelle a été formée une sublime robe faite de miel suivie par une nuée d'abeilles(saisissant)et se termine par l'incendie d'une chocolaterie sur l'île d'Elbe,après un détour par Paris.Un vrai roman quoi! des Edts de minuit certes(romans toujours épurés).Un dernier opus ne me déplaîrait pas...
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Pardon, quatrième opus ... auparavant, nous avions : "faire l'amour" "fuir" et "la vérité sur Marie" ...