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« Chacun de nous abrite-t-il quelque chose d'innommable susceptible de se révéler un jour, comme une encre sale, antipathique, se révélerait sous la chaleur de la flamme ? Chacun de nous dissimule-t-il en lui-même ce démon silencieux capable de mener, pendant des années, une existence de dupe ? »
Voilà que je termine la lecture audio du roman Les loyautés.
Quelle grande déception : arrivée au dernier chapitre, je me suis ruée vérifier qu'il ne me manquait pas quelque chose.
La fin est une fin sans fin.
J'aurais voulu en savoir plus, savoir ce qu'il arrive à Théo, à Hélène, à Céline, à Mathis.
L'auteure nous a emporté dans ces vies, dans ces drames, elle nous a rendu addict mais ne nous dévoile pas le fin mot de l'histoire, probablement pour nous faire imaginer, travailler, espérer ?
Malgré cela, j'ai passé un excellent moment de lecture. Les voix sont magnifiques, correspondent parfaitement à l'histoire. Les personnages sont attachants.
Une première lecture de Delphine De Vigan, une découverte, une très très belle découverte.
ce roman est poignant, les personnages attachants, l'ecriture sobre accentue la retenue, la pudeur face à cette situation. J'ai aimé .
Les loyautés, « ce sont les lois de l’enfance qui sommeillent à l’intérieur de notre corps, les valeurs au nom desquelles nous nous tenons droit, les fondements qui nous permettent de résister […] Nos ailes et nos carcans […] Hélène est prof. Très vite elle détecte chez Théo, son élève, les symptômes de la maltraitance.
Comme si elle était équipée d’un sixième sens, Hélène perçoit l’invisible, l’imperceptible. Elle se doit d’alerter sa hiérarchie, ses collègues, car la menace est là.
Dans ce roman polyphonique le lecteur est balloté au gré de la pensée de chacun, happé par des émotions aussi diverses qu’opposées. Ainsi l’histoire se construit par éclairages successifs de chapitre en chapitre, par la bouche d’Hélène, de Théo, de Mathis, de Cécile, les différents protagonistes de cette tragédie sociale.
C’est fort, émouvant, extrêmement juste, comme si l’auteure avait vécu cette pression si particulière qui est celle des enseignants confrontés à la souffrance d’enfants, à leur impuissance, à la difficulté à assister sans outrepasser, à intervenir sans trop s’immiscer, à composer avec sa conscience, à gérer les émotions et les traumatismes qui surgissent de leur propre histoire…
Maltraitance, divorce, alcoolisme, autodestruction, protection de l’enfance sont quelques-uns des thèmes qu’explore dans ce beau roman Delphine De Vigan, avec un réel talent pour exprimer la subtilité des liens qui unissent et/ou détruisent les humains.
Les loyautés, "ce sont des liens invisibles qui nous attachent aux autres – aux morts comme aux vivants -, ce sont des promesses que nous avons murmurées ou dont nous ignorons l'écho, des fidélités silencieuses, ce sont des contrats passés le plus souvent avec nous-mêmes, des mots d'ordre admis sans les avoir entendus, des dettes que nous abritons dans les replis de nos mémoires. Ce sont les lois de l'enfance qui sommeillent à l'intérieur de nos corps, les valeurs au nom desquelles nous nous tenons droits, les fondements qui nous permettent de résister, les principes illisibles qui nous rongent et nous enferment. Nos ailes et nos carcans. Ce sont les tremplins sur lesquels nos forces se déploient et les tranchées dans lesquelles nous enterrons nos rêves."
Dès les premières lignes du livre, on sent qu'on va avoir du lourd et c'est le cas. Rien n'est jamais léger avec Delphine de Vigan. Ici, tout est extrêmement tendu, on lit ce roman d'une traite sans pouvoir le lâcher. Roman à quatre voix, "Les Loyautés" livre le récit de quatre personnages et de leurs "fidélités silencieuses", ces loyautés qui sont autant de carcans. D'abord il y a Hélène, professeur de collège à l'enfance violentée, qui s'inquiète pour Théo, 12 ans. Théo, enfant du divorce, n'est pas maltraité physiquement comme l'a été Hélène mais psychologiquement par une mère en colère et en souffrance et un père, chômeur, en totale perdition. Il entraîne son ami Mathis dans un jeu dangereux de ce qu'on appelle de nos jours le « binge drinking ». Il y a aussi Cécile, la mère de Mathis, qui découvre que son mari, bien sous tous rapports en apparence s'avère auteur de propos haineux, racistes, antisémites, homophobes et misogynes sur les forums et les réseaux sociaux. Ce sont les personnages auxquels je me suis le moins attachée. Mais Théo et Hélène, comment les oublier ? Il y a des pages d'une noirceur profonde, quand Theo devient le père de son père, quand il nettoie l'appartement, essaie de les nourrir avec quelques euros. Devenu le réceptacle de la souffrance de ses parents, Théo cherche à trouver du réconfort et à fuir cette réalité comme il peut. Et Hélène essaie de le sauver elle aussi comme elle peut.
C'est beau, c'est triste, c'est magnifique. Et ce roman n'est pas sans faire penser à Rien ne s'oppose à la nuit, on y retrouve des thèmes chers à Delphine de Vigan, les blessures de l'enfance qui lestent la vie adulte, la part d'ombre et la défaillance des adultes.
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