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Avec le recul, je me dis qu'incarcérer une personne aussi jeune n'était pas la meilleure chose à faire. Cettepremière expérience carcérale ne m'a absolument pas servi de leçon.
De 1971 à 1981, j'ai multiplié les allers-retours. Au total, il y a eu environ six incarcérations, toujours pour vol. Le problème, c'est qu'après chaque incarcération, je replongeais dans la délinquance. Il m'est arrivé de sortir libre un matin, qu'on me dépose à la gare la plus proche et de retourner en prison le soir. Sans argent, que pouvais-je faire d'autre que de voler à nouveau ? Travailler, je pense que ce n'était pas dans mon optique à ce moment-là.
"Ne me donne pas de nouvelles"
Ma famille n'a jamais été présente. C'est simple, je n'ai jamais reçu la moindre visite au parloir. Mon père avait très mal vécu ma première incarcération. À l'époque, il avait dû venir sur Paris. Ne comprenant pas qu'une jeune fille puisse se retrouver dans une telle situation sans le moindre soutien, la juge l'avait sermonné. Ce jour-là, il m'a clairement fait comprendre que ça ne servait à rien que je lui donne des nouvelles : « Tu fais ce que tu veux de ta vie. Mais je t'interdis de me donner des nouvelles si tu es en prison. Ne compte pas sur moi. » À chaque nouvelle incarcération, je lui envoyais une carte. Je n'ai jamais eu de réponse de sa part. Pourtant, l'un de mes oncles, lui aussi incarcéré, avait le droit à des visites. Moi, il a préféré m'abandonner.
À 20 ans, j'ai eu mon second enfant. Parce que je n'avais pas les moyens de subvenir à ses besoins, il a été placé chez une nourrice. Je ne l'ai vu grandir qu'entre deux peines de prison.
Voler des portefeuilles ? Un travail comme un autre
En prison, le tout c'est de pouvoir s'occuper. Heureusement, à chaque fois, j'avais un travail. Je me souviens d'une fois où ma tâche consistait à emballer du matériel pour les hospices civils de Paris. J'empaquetais les seringues et autres ustensiles. Ça a duré 18 mois. À l'époque, la réinsertion n'existait pas vraiment. Mais existe-t-elle maintenant ? Il fallait souvent se débrouiller par ses propres moyens. Il y a bien eu un éducateur qui a essayé en vain de me remettre dans le droit de chemin en m'envoyant dans un foyer. Ça ne m'intéressait pas alors j'ai pris la poudre d'escampette au plus vite. Mener une vie de patachon, c'était mon choix. Parfois, il m'arrivait de chercher un travail, mais à chaque fois, je recommençais mes conneries. De telle heure à telle heure, je faisais la pickpocket et le soir, je rentrais à l'hôtel. Pour moi, c'était un boulot comme un autre. Voler des portefeuilles me semblait plus facile que de mener une vie honnête.
Je me suis prostituée plusieurs années
JE VOULAIS VOUS DIRE de Muriel Ferrari
témoignage paru le 27 juillet 2016
Dans ce témoignage, je tiens a préciser que Muriel ne se plaint pas, ne se voile pas la face, ne cherche aucune excuse. Elle nous décrit, nous explique tout, sans rien nous cacher en mode brut et sincère, elle nous raconte ce qu'est sa vie et ce qu'a était sa vie.
Elle perd sa mère à l'âge de 2 ans, étranglé par son amant, a 14 ans, elle tombe enceinte et a 16 ans, elle laisse son fils à son père et débarque à Paris et la commence les larcins, la prison pour vol, la prostitution.
Aujourd'hui, suite a un héritage et a la prostitution, Muriel a ouvert un bouchon Lyonnais, financièrement, elle galère et avoue au point de choquer, qu'elle était mieux en prison avec sa cellule, sa douche et ses codétenues.
Muriel, accroche-toi, tu galères, mais tu as une vie honnête maintenant et je t'invite à t'évader en écrivant d'autres livres, tu as une belle écriture qui fait que l'on ne lâche pas le livre jusqu'à sa dernière page. Si un jour, je passe à Lyon, promis, je n'hésiterai pas à faire un tour à ton bouchon. Je te souhaite une bonne continuation dans le droit chemin.
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