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La chanson, la poésie et la montée du syndicalisme ont pavé la voie à la Révolution tranquille. La mort du premier ministre Maurice Duplessis, contrairement à une certaine croyance populaire, n'y change pas grand-chose. Un million de jeunes n'avaient pas attendu la réforme scolaire pour se faire instruire. Des parents, eux-mêmes avides d'instruction, y avaient veillé avec l'aide des communautés religieuses. En 1960, de toute façon, le moment de la revanche des cerveaux était arrivé.
L'élection des libéraux dirigés par Jean Lesage, en juin 1960, donne officiellement le signal de départ, mais on ne saura jamais s'ils furent portés par une vague ou s'ils l'ont créée.
Le nouveau premier ministre a du panache, mais c'est un traditionaliste. Il a fort à faire pour contrôler ses plus fringants ministres. Quels sont ses rapports avec ses vedettes et tout particulièrement avec René Lévesque ? Celui-ci a connu son chemin de Damas avec la grève des réalisateurs de Radio-Canada en 1958-1959, tissant alors des liens solides avec le monde syndical et celui des artistes.
Lesage avait des réticences face à la nationalisation de l'électricité, à la création d'un ministère de l'Éducation, à l'établissement d'une caisse de dépôt et placement. Dans chaque cas, que s'est-il passé exactement ? Il est par contre à son meilleur au moment des négociations fédérales-provinciales qui se succéderont à un rythme effréné.
Juin 1966. À la surprise générale, mais à la grande joie de plusieurs, l'Union nationale déjoue les libéraux et reprend le pouvoir. Est-ce le signe d'un essoufflement ? La tenue de l'Exposition universelle de 1967 et la visite du général de Gaulle provoquent plutôt une accélération. La montée du mouvement indépendantiste débouche sur la formation du Parti québécois, tandis que les institutions se laïcisent et que le féminisme s'affirme avec vigueur.
Les échanges avec la France s'intensifient et influencent grandement le parcours politique, économique, scientifique et culturel des Québécois qui se coupent par ailleurs du Canada français.
Pour plusieurs, la Révolution tranquille, c'était hier. Toujours attentif aux événements, Jacques Lacoursière relève un défi jugé bien difficile. Qu'on soit d'accord ou pas avec lui, on ne s'ennuie pas. Avec son style habituel, sa narration vivante, son sens de l'anecdote, son souci du détail, son respect des acteurs, il permettra aux moins jeunes un moment de nostalgie et aux plus jeunes la découverte de cette fameuse Révolution tranquille qui touche un sommet dans la décennie 1960-1970.
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