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Eva est danseuse. Elle vogue dans sa vie comme dans son esprit, de façon feutrée, à pas embrumé par des réflexions étranges. Elle a été quittée par Albane qui souhaitait faire "une pause", mot douloureux pour Eva qui ne le comprend que très peu. Mais elle avance dans sa vie, de façon étrange, à côté de la réalité. La vie d'Eva est enrichie d'événements anodins, mais qui, dans son esprit, ont une importance capitale. On découvre ensuite Eva par les yeux d'Amir, son nouveau compagnon, puis par son amie Nora. Ensemble, ils vont nous dresser le portrait d'une Eva perdue, dont la réalité ne tient qu'à un fil.
Cette histoire est compliquée, complexe, mais au final, si simple. La vision en trois portraits est très intéressante.
La première partie, c'est Eva, sa vie, ses pensées, tortueuses et sans queue ni tête. C'est Eva dans sa simplicité et son mode de pensée conflictuel. Il y a du paradoxe : on est balloté d'une certitude à l'autre, avec cette impression de ne jamais comprendre réellement qui est Eva. Cela perturbe, mais Léa Lescure arrive à nous ramener à un fil conducteur par la relation qu'Eva a au corps et à la danse. Tout est en mouvement, saccadé, lent, parfois rapide. Une chorégraphie ressemblant à la vie.
Puis c'est au tour du point de vue d'Amir. Ils se connaissaient, car ont travaillés ensemble, et finissent par s'installer ensemble. Deux années se sont écoulées. Amir découvre le quotidien d'Eva, son petit garçon Clément. Il trouve même qu'elle a une vie intérieure si riche, raison pour laquelle elle parle parfois en énigme. Jusqu'à ce qu'il comprenne lorsque Nora, l'amie d'Eva, lui explique qu'elle est hospitalisée en psychiatrie. Nora sera le fil conducteur de la troisième partie.
Il y a de la douleur dans cette relation : vivre avec l'autre comme s'il n'existait que dans une réalité parallèle.
L'écriture est particulière : on rentre dans l'histoire, mais le fil est si mince qu'il risque de casser. On se questionne, mais au final, on ne sait plus où s'accrocher. J'ai eu l'impression de passer par trois phases : le constat de la réalité d'Eva, l'épreuve de vivre cette réalité, l'acceptation pour ceux qui la côtoient.
Léa Lescure parvient à retranscrire ce qui perturbe dans la perte de repère et la déraison : on perd pied et il n'y a plus d'équilibre.
Les personnages ne sont pas présentés par leur côté positif : il y a du doute, de la colère, de l'incompréhension. On passe par différentes sensations durant la lecture qui perturbent. Mais la danse, présente dans la première partie, disparaît progressivement, laissant la place au mouvement, l'oscillation des sentiments perdurent. J'ai aimé cette sensation d'être malmenée dans ma lecture : me perdre puis me raccrocher. On s'attache aux personnages, à leur prise de conscience et à leur faiblesse.
La maladie est esquissée, et pourtant, il en ressort beaucoup d'humanité.
En bref :
Une lecture qui nous plonge dans l'esprit torturé par la maladie mentale d'une jeune femme. On se raccroche à une écriture qui malmène, mais dont il ressort une forte humanité.
http://lecturedaydora.blogspot.fr/2018/02/ciel-perce-lea-lescure.html
Pour tout dire, ce roman m'ayant été offert, j'ai fait un effort pour aller jusqu'au bout malgré le peu d'intérêt que j'y ai trouvé.
Manon, étudiante française de bonne famille passe une année universitaire à Bruxelles en fac de psycho. Les fins de mois difficiles, tous les étudiants connaissent, mais Manon ne s'y résout pas et lorsqu'une passe furtive sur l'autoroute lui révèle l'évidence de l'argent facile, il n'y a plus qu'un pas vers un club de strip-tease, la prostitution, la drogue et la double vie.
Peu à peu Manon/Irina s'immerge dans une vie nocturne tarifée et et lorsqu'elle rencontre un jeune homme amoureux d'elle, elle se rend compte avec dépit qu'elle n'est plus capable d'envisager une relation où sexe se conjugue avec amour.
L'écriture hachée et elliptique, souvent "poseuse" et peu naturelle a du mal rendre l'histoire captivante car Manon vit au jour le jour, sans rêves, cynique et détachée, et l'ensemble est finalement un peu creux.
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