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Depuis leur création en 2020, à chaque nouveau livre, les éditions Matin Calme nous proposent un genre de polar coréen différent. Après le roman mafieux, le thriller psychologique, voici venir le policier à énigmes. Toutes proportions gardées, Do Jinky nous propose une histoire à la manière d’Agatha Christie. Pas de meurtres sanguinolents, de courses poursuites et fusillades endiablées ou de suspense haletant, juste un enquêteur face à un double meurtre. L’ambiance est plutôt à l’observation et la réflexion.
Même si ce n’est pas proprement dit un huis clos, « Le portrait de la Traviata » en a toutes les caractéristiques. Le crime a eu lieu dans un immeuble auquel seules quelques personnes avaient accès. Le nombre des potentiels assassins est assez restreint et leurs interactions ont l’air simples. Seulement, en creusant un peu, on constate qu’ils ont tous leurs secrets et que l’affaire est loin d’être limpide.
Le lecteur suit l’inspecteur, aidé d’un avocat, dans ses investigations. Après chaque interrogatoire de suspect et après chaque découverte sur la scène du crime, les enquêteurs spéculent sur le déroulement des faits. Leurs suspicions lancent l’affaire sur une nouvelle piste, qui après vérification, finit immanquablement dans une impasse. Ce type de polar implique donc beaucoup de répétitions. Lorsque de nouveaux indices apparaissent, il faut reconstituer les évènements et ressasser sans cesse la chronologie des actions de chacun des acteurs. C’est un peu redondant mais nécessaire !
La plume de Do Jinky est simple et agréable. On sent qu’il a travaillé son sujet et qu’il a un véritable savoir-faire. Son aventure est complexe et il sait jouer avec les preuves afin de nous induire en erreur. Je fais d’ailleurs le pari avec vous que vous ne trouverez pas la fin, tant elle est improbable. Si vous aimez vous casser la tête sur une énigme, ce livre est fait pour vous !
http://leslivresdek79.com/2020/08/02/574-do-jinky-le-portrait-de-la-traviata/
Qui a tué la très jolie Jeong Yumi d'un coup de couteau et son voisin harceleur, leur corps retrouvés dans l'appartement de la demoiselle, dans un immeuble paisible de Seoul ?
Voilà un très réussi roman whodunit qui secoue les méninges du lecteur. de façon très habile, celui-ci se retrouve complètement immergé dans l'enquête mené par l'inspecteur Lee Yuhyeon, aidé par le redoutable Gojin, surnommé « l'avocat de l'ombre ». Les hypothèses sont décortiquées les unes après les autres, examinant chaque profil de suspect, chaque alibi, chaque scénario pour résoudre ces crimes mystérieux, ce qui garantit des rebondissements multiples et un coupable bien inattendu. L'auteur se joue du lecteur qui en redemande.
Le style clinique, ultra factuel, s'efface pertinemment pour laisser toute sa place aux circonvolutions de l'intrigue et à l'énigme à résoudre. En Corée du Sud, Do Jinki est comparé à John Grisham, mais sur ce roman, j'ai plutôt pensé à un bon Simenon voire à un Agatha Christie pour l'intelligence de la résolution. Ce Portrait de la Traviata a même un petit parfum de Cluedo même si là, on connaît les armes et la pièce ... est-ce le concierge de l'immeuble, la vieille femme de ménage, la tenancière du bar à hôtesse où travaillait Jeong Yumi, sa meilleure amie, son petit ami ou la mère de ce dernier, sachant que tous avait des raisons de passer à l'acte ?
Quand je lis un polar étranger, j'aime à découvrir le contexte socio- culturel du pays, en l'occurence la Corée ici. Dans ce cas-là, il n'y a pas forcément une plue-value « exotique » mais en toile de fond, c'est tout le système des bars à hôtesses ou à hôtes ainsi que la prévalence de la prostitution sud-coréenne qui sont mis en lumière.
Un roman à énigmes très efficace, incontestablement. J'ai juste été gênée ( ou vexée ha ha ) de ne pas avoir compris le rapport entre le titre et le contenu, le personnage de la jeune fille assassinée me semblant tout de même très éloignée de celui de Marguerite ( même si elles sont toutes deux courtisanes et très amoureuse ... ).
Jo Pangeol, le gardien de l’immeuble, a-t-il tué la jeune Jeong Yumi (25 ans) et l’homme retrouvé mort à ses côtés ? Tous deux ont été poignardés dans l’appartement (204) de celle-ci … Il faut bien arrêter un suspect, quand bien même on ne voit pas de mobile … Et pourquoi a-t-il finalement gardé son avocat commis d’office alors qu’il avait demandé l’ajournement de son procès, le temps d’en choisir un autre ?
Ainsi débute la curieuse intrigue de Do Jinki. C’est le petit ami de la victime, Kim Hyeongbin, qui a alerté la police : il était au téléphone avec Jeong Yumi lorsqu’elle a poussé un terrible hurlement. On découvre rapidement que l’homme gisant auprès d’elle est son voisin du dessous, locataire de l’appartement 104. Il la harcelait depuis un bon moment, raconte Jeong Area, la demi-soeur de la défunte. Alors meurtre et suicide du coupable ?… Il semblerait bien que ce ne soit pas vraiment le cas …
Lors de l’enquête, Lee Yuhyeon en perd son coréen ! Aucune preuve et pas le plus petit indice en vue … Crime sexuel, crapuleux ou passionnel ? Tous les proches seront scrupuleusement interrogés, y compris la vieille femme de ménage …
Si ses fans ont baptisé l’auteur « le John Grisham coréen », je dirais pour ma part que ce polar est un « Maigret tout droit venu du pays du matin calme », bien construit et accrocheur ! Un très agréable moment de lecture !
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