Cette année encore, lecteurs.com était partenaire du festival Quais du polar du 27 au 29 mars 2015 à Lyon. Un événement incontournable pour les férus de romans policiers, de thriller ou de suspens... Dans le cadre de ce partenariat, vous avez découvert nos différentes animations :
- L'écriture d'un "Cadavre exquis", du 13 au 24 mars, sous l'égide de Ian Manook pour lequel 10 internautes ont été sélectionnés pour continuer, en ligne et de manière participative, l’écriture d’une nouvelle initiée par l’écrivain. Ian Manook a conclu l'histoire le 25 mars.
- Les Explorateurs du Polar, 28 lecteurs passionnés du genre ont endossé leur rôle d'Explorateurs pour chroniquer chacun trois romans en avant-première.
En parallèle, du 27 mars au 27 avril, Orange a mis en place un concours d’écriture de nouvelles policières sur le thème « Dans un monde ultra connecté, quelle nouvelle policière écrirez-vous? ». Ce concours était ouvert à tous pour relever le défi de combiner intrigue policière et utilisation des nouvelles technologies.
Merci aux nombreux participants de ce concours et bravo à Véronique Varais la grande gagnante pour sa nouvelle « Sweet Home ».
Découvrez son texte ci-dessous :
C'était une période morose. Jamais mon téléphone n'avait été aussi muet, pas un appel, une demande d'enquête, de filature, je pensais mettre la clé sous la porte à la fin du printemps …
Je reçus un appel au milieu de la nuit. J'étais loin de me douter que cet appel donnerait naissance à l'une des enquêtes les plus difficiles de ma carrière de détective privé. La famille d'un riche lyonnais m'appelait au secours, leur fils Pierre-Henri, avait disparu depuis 3 jours … sans son smartphone et ses objets favoris. Ce qui ne laissait rien présager de bien. Je décidais de me rendre au domicile de Pierre-Henri pour dénicher des indices dès mon retour.
New York, 3 heures du matin. Il me fallait trouver un vol retour d'urgence. La mission était très bien payée : une vraie bouffée d'oxygène qui me permettrait sans doute de tenir quelques mois de plus !
A l'arrivée à Saint Ex, la limousine familiale m'attendait et me conduisit dans une maison de maître nichée au milieu d'un parc arboré. A l'entrée de la somptueuse propriété, des lilas blancs se balançaient mollement, exhalant leur parfum printanier, tandis qu'une glycine déroulait ses grappes de fleurs mauves aux senteurs envoûtantes.
Sur le perron, les parents de Pierre-Henri m'attendaient, impatients. Ils me firent entrer dans le boudoir afin de me raconter en détail les faits.
3 jours et 3 nuits d'angoisse. Pierre-Henri avait quitté la maison le lundi matin et n'était pas rentré le soir. Ils s'étaient inquiétés, essayant en vain de le joindre ainsi qu'un de ses amis. Après plusieurs messages laissés, ils s'étaient persuadés qu'il avait omis de leur parler d'une soirée prévue. Le lendemain matin, au petit déjeuner, il serait là.
- Pierre Henri est un garçon adorable et sérieux, dit sa mère.
Son père ne put s'empêcher d'ajouter : «Et très raisonnable, il ne nous a jamais déçus».
Le lendemain matin, quand la mère s'était rendue dans la chambre de son fils, avait vu le lit non défait, son smartphone posé dessus, et le portefeuille qu'elle lui avait offert pour son anniversaire quelques jours plus tôt, elle s'était affolée.
Ils s'étaient alors rendus au commissariat, avaient porté plainte et s'étaient constitués partie civile afin qu'une enquête soit ouverte.
Après avoir répondu aux questions de routine sur les derniers jours avant la disparition, ils m'accompagnèrent dans la chambre de leur fils au 1er étage, vaste et luxueuse donnant sur le parc et la maison du gardien.
Tout était impeccablement rangé. Aucune trace d'un départ précipité à part les objets sur le lit. Machinalement, j'ouvris le portefeuille: carte d'identité, carte bancaire, quelques tickets de caisse, un peu de monnaie.
J'allumais le téléphone : verrouillé. Aucune information de ce côté-là pour l'instant.
- Votre personnel loge ici ? Demandai-je.
- Non. Le dernier que nous hébergions était le gardien, parti à la retraite il y a peu. Pierre-Henri nous a convaincus de le remplacer par le système de vidéo-surveillance d'Orange.
- Alors vous avez visionné le matin de sa disparition ? Poursuivis-je.
- Non, c'est lui qui gère cela avec son smartphone.
Nous avons vraiment peur qu'il lui soit arrivé quelque chose de grave, vous savez. Nous n'en dormons plus la nuit. J'ai même l'impression de devenir folle. Un matin, j'ai trouvé la lumière de la cuisine allumée, alors que nous étions sûrs de l'avoir éteinte la veille ; et la cafetière qui chauffait.
Je tentais de les rassurer, en vain. Il était impensable pour eux que leur fils de 21 ans ait pu partir sans son smartphone. Comme tous les jeunes de son âge, il était «accro».
Laissant les parents à leur douleur, mon travail de fourmi commençait.
J'appelai les amis de Pierre-Henri et décidai de me rendre au campus où il était étudiant. C'était le meilleur moyen de glaner quelques renseignements sur le vif.
J'interrogeai son ami d'enfance, Julien, également sans nouvelle et très inquiet. Mon flair me disait qu'il était de bonne foi.
Muni de la photo du disparu, j'allai aussi questionner les caissières des magasins où il avait fait ses dernières emplettes. Peut-être que l'une d'elles se souviendrait d'un fait marquant ? Rien.
La police piétinait aussi de son côté.
Déjà 6 jours que je me démenais, essayant de me mettre dans la peau du jeune homme de bonne famille, je tournais et retournais dans ma tête tous les moindres détails de l’affaire.
Sans idée précise, je décidai de faire se rencontrer les 3 personnes connaissant le mieux Pierre-Henri: ses parents et Julien. Mon interrogatoire s'orienta sur la soirée d'anniversaire.
Julien finit par avouer que Pierre-Henri avait été contrarié d'apprendre à cette occasion que son père lui transmettrait l'entreprise familiale d'ici l’an prochain, sans se préoccuper de savoir s'il voulait poursuivre ses études. Il n'en avait pas fait état devant ses parents, mais s'était confié ensuite à son copain.
- Ça me gonfle à un point, tu ne peux pas savoir! Lui avait-il dit.
Julien avait tenté de lui faire comprendre qu'il était un nanti d’avoir un avenir professionnel assuré, possédant déjà un coupé Mercedes à son âge, et le dernier smartphone sorti : le S6 Edge !
Le S6 Edge ? Celui que j'avais vu sur le lit était un modèle récent certes, mais pas le dernier Samsung. J'en étais sûr.
J'emmenai Julien dans la chambre de Pierre-Henri. Quand celui-ci vit le téléphone sur le lit, il me confirma que c'était bien celui de son ami, mais pas le dernier en date.
Pourtant, la police avait géo-localisé le smartphone à cette adresse. Cela m'avait paru normal jusque-là. Mais, soit le S6 avait été lui aussi abandonné dans la maison, soit Pierre-Henri l'avait sur lui et donc, ils étaient tous les 2 dans la maison.
Les hypothèses fusaient dans mon esprit.
Avant de partir, je décidai de poser discrètement une mini-caméra dans la chambre. La solution était peut-être dans ce lieu. Je remplaçais aussi les détecteurs d’ouverture de portes et de fenêtres connectés au smartphone de Pierre-Henri par d’autres connectés au mien puisque ses parents m’avaient donné accès à leur base home live. Ainsi, la porte d’entrée de la demeure et les fenêtres de la chambre du jeune homme passaient sous mon contrôle. Il ne restait maintenant plus qu’à attendre …
Je décidai de faire le guet, stationné dans ma voiture à quelques pas de la propriété …Il était 1 h du matin quand mon mobile m’alerta. La vidéo montrait Pierre-Henri dans sa chambre, rassemblant calmement quelques affaires en prenant soin de ne pas toucher aux objets sur son lit.
Toutes nos félicitations à Véronique Varais !
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Rendez-vous sur lecteurs.com pour découvrir les lectures de vos prochaines nuits blanches et en mars 2016 autour du Quais du Polar pour de nouvelles aventures.