Danser au bord de l’abîme de Grégoire Delacourt paru le 2 janvier aux éditions JC Lattès
C’est grâce à son deuxième roman que j’ai découvert l’écriture de Grégoire Delacourt. En 2012, dans le cadre d’un jury littéraire dont j’étais membre, j’avais eu à lire La liste de mes envies, énorme succès par la suite. J’en avais personnellement aimé la justesse, la profondeur, l’humanisme. Si je n’ai toujours pas lu son premier roman, j’ai beaucoup aimé les suivants, avec une préférence pour On ne voyait que le bonheur. Il était impensable que je laisse passer la sortie du petit dernier.
Danser au bord de l’abîme, tout un programme, nous raconte l’histoire d’une nouvelle héroïne : Emmanuelle – ou Emma pour la plupart de ses proches – quarante ans, mariée, mère de trois enfants. Elle aime son mari et mène une vie heureuse jusqu’au jour où… jusqu’au jour où… un visage d’homme, une serviette blanche, une bouche délicatement essuyée font basculer cette vie rangée. Le désir va s’immiscer et tout balayer.
Délicatement, nous entrons dans l’intimité d’Emma, et comprenons que sous des dehors tranquilles, un bonheur simple, confortable, établi, couve un feu inassouvi. Tout est trop calme. Finies les envolées de ses premiers instants de vie avec Olivier, terminés les débordements, les regards pleins des promesses à venir, les effleurements, les affolements. Emma a besoin de se sentir vivre, de valser, de virevolter, de se mirer dans des yeux nouveaux, d’être ″rallumée″, de ″danser au bord de l’abîme″. Elle ne veut pas quitter son mari par manque d’amour pour lui, mais pour son désir à elle. Car ″la vie est la courte distance entre deux rives″ et Emma veut parcourir cette distance. Elle veut vivre !
Grégoire Delacourt n’a pas son pareil pour parler des femmes, de la Femme. Ce roman sur l’amour, le désir, la liberté, le choix, la vie, la maladie, la mort aussi, est porté par sa magnifique écriture, subtile et fine, gracieuse, tendre et sensible. Et en fil rouge – belle idée, je trouve – habilement mêlée à celle d’Emma, l’histoire de la Chèvre de Monsieur Seguin, n’est-ce pas Blanquette, la liberté… Et nous passons régulièrement du plaisir aux larmes, car on le sait bien et l’auteur aussi, la liberté des uns…. Alors, que faisons-nous de nos vies ? Emma décide de suivre ses aspirations. Elle sait qu’elle fera mal aux autres, mais rester, résister, ne pas suivre sa route, ne pas laisser libre cours à son désir profond, ce serait s’étioler, se faner, mourir à petit feu. Emma, non, ce n’est pas Emma Bovary, c’est vous, c’est moi, et la grande force de ce récit est de contenir en une toutes les autres femmes.
J’ai adoré me laisser emporter par la petite musique des mots, par Madame Butterfly, Orphée ou le Trouvère, j’ai aimé m’enivrer des vins prestigieux dégustés jusqu’à l’excès, partager l’amour d’Emma et d’Alexandre, pleurer au chevet d’Olivier, me réchauffer dans les bras de Mimi et j’en suis ressortie terriblement bouleversée, le cœur en vrac, les yeux en larmes, les mains tremblantes.
J’étais la petite chèvre regardant la montagne du fond de mon canapé.
Cette chronique vous a donné envie de lire ce roman ?
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Je ne connais pas l auteur mais le sujet m intéresse beaucoup je serais très intéressée de le lire ......
Je viens seulement de prendre connaissance de vos commentaires et je vous en remercie tous. Il n'y a rien de plus important que le dialogue et l'échange. Christine, j'avoue que rencontrer Grégoire Delacourt est un de mes rêves. Delphine, j'espère que tu ne seras pas déçue par cette lecture, une chronique est tout à fait personnelle et j'essaie justement - sans toutefois toujours y réussir - de parler à la première personne. Elisabeth, Colette, c'est bien ce que je dis, chacun a le droit d'aimer ou... pas. Séverine, si vous aimez Grégoire Delacourt, je pense que son dernier roman vous enthousiasmera. Merci Anthony et Caro Caro pour ce compliment qui me va droit au cœur, vous dont j'admire tant les chroniques. Henri-Charles, tu sais ce que je pense des tiennes et toi Sophie, aussi. Je ne peux qu'être heureuse de t'avoir donné envie de lire cet ouvrage.
Je viens de terminer la lecture de ce roman qu'on lâche difficilement, ébouriffée par la puissance du désir, emportée par toutes les émotions décrites au plus proche... Mon plus grand plaisir a peut-être été toutefois d'avoir l'occasion d'en discuter directement avec l'auteur, enthousiaste, accessible, chaleureux et excellent conteur !
Merci Geneviève !
Ce roman est dans ma liste d'envies des livres de la rentrée. J'en ai maintenant la certitude, je veux, je vais le lire !
Lattes propose toujours des livres bien construits avec leur style d écriture mais je ne trouve pas l histoire originale donc je ne suis pas attirée par la lecture de ce roman.
J adore gregoire delacourt plonger dans l univers de ses personnages et un véritable plaisir on se retrouve souvent parmis eux .je n ai pas lu cet ouvrage mais j'ai hâte
J'apprécie ta chronique. Je n'arrive pas à entrer dans le monde de Delacourt, je m'y ennuie, il m'y manque une once de profondeur.
Bravo Geneviève pour cette chronique éclairée!
Un regard échangé dans une brasserie et c’est toute la vie d’une mère de famille qui bascule. Mais à la passion amoureuse va bien vite succéder le drame, le deuil, la douleur. Grégoire Delacourt revient dans un registre plus sombre nous dire que «la vie est la courte distance entre deux vides» et que ce parcours n’est pas semé de roses. Un roman bouleversant.
http://urlz.fr/4CrD
Ma Geneviève, voilà une chronique qui me donne grandement envie de lire ce roman ! J'avais beaucoup aimé "L'écrivain de la famille"... et j'en suis restée là de ma découverte des livres de Grégoire Delacourt ! Peut-être bien que grâce à toi je vais m'y remettre !
Bravo pour cette belle chronique !