Et si on commençait à effeuiller la rentrée avec un roman à la fois très agréable et inattendu ?
Il faut se tourner vers l’artisanale maison d ‘édition Inculte pour dénicher ce petit bijou d’ Isidore et les autres, de Camille Bordas. C’est le troisième roman de cette romancière qui publie régulièrement des nouvelles dans le New Yorker, et dont deux romans ont déjà paru chez Joelle Losfeld en France.
Camille Bordas a d’abord écrit son roman en anglais, il a ainsi été publié dans dix pays et traduit en sept langues. C’est l’auteur elle-même qui l’a traduit en français, ce qui est, contrairement à ce qu’on pourrait en penser d’emblée, plutôt très rare.
Des débuts singuliers pour un roman qui ne l’est pas moins, comme la chronique de Sophie Gauthier le montre ci-dessous.
Comment trouver et occuper sa place, comment se définir en tant que personne autonome et distincte quand on a 11 ans, quand on est potelé alors que le reste de la fratrie est mince et élancé, quand on a un niveau scolaire normal alors que frères et soeurs sont surdoués, quand on cherche à vivre parmi les autres alors que ces mêmes autres semblent ne s'intéresser qu'à ce qui les concerne directement ? Ces questions préoccupent Isidore, le narrateur, qui dresse une chronique à la fois tendre et malicieuse de ce temps d'apprentissages fondamentaux qui précède l'adolescence.
De sa soeur Simone, convaincue d'avoir un grand destin à accomplir, à Daphné, la voisine centenaire, anxieuse de continuer à "peser sur les souvenirs de quelqu'un" après sa mort, en passant par Denise, son amie suicidaire par manque d'intérêt pour la vie, une galaxie de personnages gravite autour d'Isidore, définissant des constellations dans lesquelles le jeune garçon peine à se positionner. La cocasserie des situations prend un relief singulier grâce au ton de la narration, qui tient un juste équilibre entre ingénuité, spontanéité et lucidité acérée. La comédie glisse insensiblement vers le drame, accompagnée par une écriture qui laisse affleurer le chagrin sans se départir ni de la pudeur, ni d'une pénétrante ironie.
C'est "ce temps d'apprendre à vivre" que nous raconte Isidore, avec tendresse, avec une émouvante empathie et avec une alerte drôlerie. Comme le Prélude de Chopin, interprété par son frère Jérémie, les motifs semblent se répéter à travers la récurrence des situations que le jeune garçon doit affronter : la rentrée des classes, la soutenance des thèses, la récréation avec Denise, les morts, les tentatives de fugues... mais, comme pour le Prélude, "la légèreté du début, l'insouciance" de l'enfance s'effacent progressivement. Grandir, c'est aussi accepter d'accueillir, sans se l'approprier, ni s'y confondre, une part de l'existence des autres, peines et joies confondues. Isidore l'apprend en se mesurant concrètement au monde, alors que les connaissances de ses frères et soeurs sont enfermées dans des concepts qu'ils sont incapables de mettre à l'épreuve de la réalité. C'est finalement aussi un bel éloge de l'intelligence du coeur que nous propose le roman de Camille Bordas !
Quelle délicieuse lecture ! Le style reflète le langage d'un gamin de 11 ans d'une manière toujours juste et fine, et met en valeur la logique naïve des réflexions du narrateur. Mais derrière cette fantaisie d'apparence légère, se cache un propos plus grave, plus profond, et l'émotion naît de ce décalage qui s'apparente à de l'élégance. Petit frère humain, si humain, Isidore laisse derrière lui un sillage de tendresse, de compréhension et de mélancolie. Un très beau et très précieux sillage.
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un narrateur de 11 ans ce n'est pas courant
je vais guetter les achats de ma bibliothèque municipale pour la rentrée
parce que pour le moment le budget livre il est hors limite
Un bijou délicieux, mes papilles sont en éveil pour savourer ce bon roman avec impatience!
bonjour ,quelle belle leçon de vie ...Je note dans mon carnet et je me laisserai certainement tentée par ce roman de Camille Bordas . Merci à Sophie Gauthier pour sa chronique
Encore un livre qui va rejoindre ma PAL... par pitié arrêtez car je vais devoir jouer à pile ou face pour savoir par quel livre commencer !
Bonjour J'adore les bijoux littéraires donc je pense que j'adorerai celui ci ! L'histoire me plaît beaucoup! Ca a l'air tendre émouvant mais avec un vrai message du cœur!