C’est clair et net, si Jean Le Gall est un écrivain rare, il n’en écrit pas moins une œuvre cohérente et solide. L’Île introuvable est un des socles de son parcours qui est un hymne amoureux à la phrase et au verbe, dans une exigence tout à fait intemporelle.
Il fait partie des 5 romans français préférés de la rentrée sur lecteurs.com.
Le début de cette histoire ressemble au pré-générique d'un James Bond : un hélicoptère survolant un château en feu dans une île perdue et une silhouette semblant s'échapper des flammes. La suite prend une autre tournure avec la confession d'un écrivain en panne de succès et d'imagination, Olivier Ravanec, qui prétend s'être trouvé au bord de la mort dans ce même incendie.
Est-ce lui qui s'est échappé in extremis? Le narrateur nous ramène ensuite loin en arrière et raconte la vie de Ravanec, sa rencontre avec le richissime Zaïd, un producteur de musique, et avec une éditrice envoûtante, Dominique Bremmer. On suivra les relations de ces personnages pendant quatre décennies, des clinquantes années 80 jusqu'à aujourd'hui.
Des années 80 à aujourd’hui, j’ai traversé le temps dans l’ombre de Ravanec et ça m’a fait un bien fou.
Ce roman est avant tout celui d’un amoureux des livres, d’un amoureux des mots, d’un amoureux d’une femme. Une femme qui, comme lui, vit à travers les livres de par son métier, éditrice.
Littérature, alcool, drogue, soirées déjantées, héros flamboyant aux allures d’Edmond Dantès, héroïne magnifique, héros écrivain banal devenu par la grâce des mots un Don Quichotte de la littérature ; il y a tout dans ce roman pour m’embarquer dans un univers qui flirte avec l’imaginaire et pourtant reste très plausible. C’est une histoire d’amour et de vengeance, de mots et de maux. A mon sens, la littérature peut nous entraîner très loin, il suffit juste de se laisser aller. Et croyez-moi, plonger dans ce beau roman vous transformera à jamais et vous fera voir les écrivains d’un autre œil.
« (…) J’ai aimé chez Jean Le Gall l’art de bâtir un roman qui se façonne à travers le temps, les époques, les priorités d’alors et les ambitions de toujours. Il utilise beaucoup, mais de manière efficace, la mise sous tension d’idées proches dont la juxtaposition inattendue fixe le cadre, les personnages, leurs idées.
A travers son écriture, Jean Le Gall lève le voile sur la vie de tout écrivain en butte avec ses points de vue, d’interrogation ou d’exclamation qui assènent des vérités aussi irréfutables que les contrevérités qui leur donnent corps. Le roman touche alors à plus grand, plus large que lui, le roman se fait invitation !
L’auteur se connait amateur de chemins de traverse, de digressions. Et s’oblige à ponctuer son récit d’une voix off rassurante : ‘On se rappellera que Ravanec…’ Surfant sur ces ruptures de rythme, le lecteur pourra méditer sur le fait que toujours, face au temps qui passe, les modes se façonnent, s’estompent et s’effacent. Au-delà ou à cause de cette « île introuvable », le lecteur prendra davantage conscience de ce temps qui passe.
Un vrai coup de cœur pour moi que cette Ile introuvable. Un méta-roman, qui traite de notre rapport à la fiction, à la littérature, à la lecture et à l'écriture. Un roman sur le roman, une mise en abyme qui n'est pas pour me déplaire quand elle est faite avec autant de facilité dans l'écriture. On trouve des comparaisons à foison, et surtout de nombreuses citations d'autres œuvres littéraires, qui viennent nourrir le roman et lui donnent constamment un autre éclairage, une autre façon d'éclairer son propos.
En terme de rythme, le prologue est vraiment excellent, il m'a plongé tout de suite dans l'histoire et m'a donné envie d'en savoir plus. La première partie pose les bases de l'intrigue de façon beaucoup plus molle, mais elle permet de bien cerner le personnage principal de Ravanec, l'anti-héros romanesque par excellence, l'auteur raté qui cherche à survivre dans l'impitoyable et débauché monde de l'édition des années 1980 à 2019. Mais le livre prend véritablement son envol avec la seconde partie, où l'auteur s'attache plus à décrire le personnage de Zaïd, haut en couleur et simplement exaltant, avant de finir son œuvre par une troisième partie brillante, qui résout tous les conflits, donnent les clefs qui me manquaient à la fin de la première partie, ballotté que j'étais par une intrigue qui ne révèle pas ses ficelles avant la dernière ligne droite.
Scrapbooké par Karine Papillaud
Bonjour et merci pour ces avis qui nous donnent envie de découvrir ce roman.
Merci à tous pour ces commentaires qui rendent ce roman plus que tentant . Belle journée . Belles lectures
Contente pour ce beau roman, je l'ai beaucoup apprécié, une belle découverte