Après le thriller maçonnique, le duo Ravenne-Giacometti s’attaque aux sources ésotériques du nazisme. Le pari est risqué, la période largement déflorée, et le sujet est plus que jamais une source de fascination malsaine. Et pourtant, Le triomphe des ténèbres (ed JC Lattès) impose raison et connaissances sur des croyances, dans une histoire très réussie.
On les connaît essentiellement pour leur grande série de thrillers historiques et maçonniques, consacrée au commissaire Antoine Marcas, où se confronte l’époque contemporaine avec des pans de l’histoire : Jacques Ravenne et Eric Giacometti écrivent à quatre mains depuis une douzaine de livres. Ravenne est l’universitaire spécialiste de Sade et de critique génétique, franc-maçon de haut niveau ; Eric Giacometti est l’ancien journaliste au Parisien, enquêteur sur la période de l’Occupation, qui adapte les Marcas en BD et signe, après Jean Van Hamme, le Tome 21 de Largo Winch.
A quatre mains toujours et sans pour autant signer sa mort, ils laissent leur héros Marcas pour ouvrir une nouvelle série qui se bornera, disent-ils, à une trilogie. Celle-ci entraine dans les remugles du nazisme, en pleine deuxième guerre mondiale. Le Triomphe des ténèbres (JC Lattès) marque le début de cette histoire, en 1940. Sans redire ce qui a bien dû être la trame d’un bon millier de romans, ils ont décidé de traiter la question du national-socialisme par les racines mystiques et pangermanistes qui sous-tendent la doctrine d’Hitler. Et on en tombe de sa chaise. Car derrière Hitler, il y avait l’influence de l’occulte Ordre de Thulé ; des membres de son état-major coordonnaient des études archéologiques et ésotériques, comme Rudolf Hess avec sa cohorte de douze astrologues, pour retrouver les sources mythiques, hyperboréennes, du nazisme.
Un héros français trouble, Tristan, un agent du renseignement anglais, Malorley, mais aussi Erika, une archéologue allemande très proche du pouvoir nazi et Laure, une héritière des hérétiques cathares, sont les héros principaux du Triomphe des ténèbres, qui embrasse, en ce premier tome, les années 1940 et 1941.
Jacques Ravenne a accepté de nous en dire un tout petit peu plus sur cette grande fresque intrigante et addictive.
"La race aryenne était la race supérieure, douée de savoirs et de pouvoirs perdus qu’il fallait retrouver"
- Le principe de la série des Marcas s’appuie sur une alternance entre époque contemporaine et plongée dans l’histoire. Quel est celui de la trilogie que vous commencez avec Tristan et Malorley ?
A la différence de nos précédents romans, cette trilogie se déroule sur un période unique qui est celle de la Seconde Guerre Mondiale, de la fin de la guerre d’Espagne à la chute de l’Allemagne nazie. En effet, cette période, que l’on pense souvent bien connaître, présente pourtant de nombreuses zones d’ombre que notre nouvelle série veut faire découvrir.
- Pourquoi vous-êtes-vous intéressés à l’époque de la deuxième guerre mondiale et au nazisme, époque déjà largement évoquée dans maints romans, essais et documents ?
Nous avons tourné, il y a deux ans un documentaire consacré aux archives maçonniques, volées par les nazis en 1940 en France et dans toute l’Europe, puis récupérées, à la fin de la guerre, par les soviétiques. A Moscou, nous avons ainsi retrouvé des dizaines de cartons de textes, de documents ésotériques révélant la fascination continue du nazisme pour l’occulte et l’étrange. Un fabuleux matériau inédit pour créer une saga romanesque d’autant plus fascinante qu’elle s’appuie sur une véritable réalité historique.
- Le nazisme avait des racines spirituelles ou ésotériques fortes. Dans quelles légendes prenait-il pied ?
Dans la croyance mythique que la race aryenne était la race supérieure, douée de savoirs et de pouvoirs perdus qu’il fallait retrouver. Voilà pourquoi Himmler, le chef des SS, avait crée un institut de recherche universitaire, l’Ahnenerbe, pour chercher, partout dans le monde, des traces et des preuves de cette supériorité. Ainsi, notre roman, le Triomphe des ténèbres, débute par une expédition SS envoyée au Tibet, en 1938, pour trouver les véritables origines de la race aryenne. Une expédition qui a réellement existé !
- Vous venez d’évoquer l’Ahnenerbe, qu’est-ce, et a-t-elle vraiment existé ?
Dès 1935, Himmler va recruter des dizaines de scientifiques, souvent de renom, tels des archéologues, des ethnologues… qui vont parcourir le monde pour découvrir les secrets perdus de la pseudo-race aryenne. Jusqu’en 1944, ils feront des fouilles aussi bien en France que dans le Caucase, en Scandinavie qu’aux Canaries. Une quête hors norme.
- Ainsi la quête nazie a commencé en 1939 au Tibet. Qu’y cherchaient-ils ?
Himmler et ses proches étaient convaincus que le berceau de la race aryenne se trouvait au pied de l’Himalaya et, surtout, que d’antiques secrets y étaient conservés dont le nazisme avait besoin pour gagner la guerre à venir.
- Le national-socialisme était conçu par Hitler comme un art total, c’est à dire ?
Hitler était un admirateur absolu de Wagner. Toute sa vie, il a été fasciné par ses opéras où fusionnaient l’art du théâtre et la puissance incantatoire de la musique. Un art total, selon lui, qui devait être le modèle à la fois de sa politique d’expansion et de son propre destin.
- L’un de vos personnages, Malorley, dit : la magie d’aujourd’hui est la science de demain. N’est ce pas ce qui a ruiné l’idéologie nazie ?
Cette quête insensée a fait perdre beaucoup de temps, d’énergie et de moyens au nazisme, surtout en période de guerre, où il a souvent préféré financer des recherches ésotériques plutôt que scientifiques. Mais le plus incroyable est que cette quête de l’occulte a duré jusqu’à la fin de la guerre : ni les défaites répétées, ni la ruine abyssale du pays, n’ont eu raison de cette obsession chronique.
- Enfin des femmes qui ne meurent pas forcément à la fin ! Cédez-vous à l’impératif contemporain qui veut qu’on fasse désormais attention au traitement des femmes dans l’art ?
Nous avons surtout voulu rompre avec le modèle du héros unique dont la quête personnelle est le ressort majeur de l’intrigue. Pas de personnage dominant donc, mais un homme et deux femmes sur un même pied d’égalité narrative. Pour écrire sur un conflit mondial, il nous a paru nécessaire d’avoir ainsi trois personnages, appartenant à des mondes opposés, incarnant des valeurs antagonistes et que le destin va confronter et parfois réunir.
- Iriez-vous jusqu’à écrire des romans dont les femmes seraient les héroïnes ?
Bien sûr ! Curieusement, dans le roman policier, les femmes n’ont souvent tenu que des rôles annexes, ce qui est d’ailleurs surprenant quand on connaît, par exemple, la vision sociale et progressiste autoproclamée du polar français… Ce traitement en demie teinte n’est pas du tout le cas de la nouvelle génération d’écrivains de romans policiers qui savent mettre en scène des personnages féminins d’une complexité souvent aussi étonnante que révélatrice.
- Le livre s’achève en 1941. Pourriez-vous nous dire ce qui nous attend dans le deuxième tome ?
Nos trois personnages, Tristan, Erika et Laure vont s’affronter à nouveau, mais cette fois en Italie, particulièrement à Venise, carrefour de l’Orient et de l’Occident, où se rencontrent d’étranges traditions ésotériques et se cachent encore bien des secrets fascinants.
Addictif, sujet passionnant, débordant d'imagination, certainement, mais pour la suite, de grâce, trouvez un relecteur qui supprime les (beaucoup) trop nombreuses coquilles et fautes d'orthographe, à ce point, cela m'a partiellement gâché ma lecture.
J'aime vraiment ce genre de roman historique qui se passe à cette époque celle de la deuxième guerre mondiale ! Les personnages et l'intrigue me passionnent déjà! En plus ca sera une saga donc que du bonheur!