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Un bon ange

  • "Un bon ange" de Marc SICH est, de mon point de vue, comparable à une partie d'échecs.

    J'y ai découvert une "ouverture". Celle-ci m'a parue laborieuse. Malaisé, en effet, d'entrer dans cette histoire de flic, anti-héros que les cadavres répugnent, planqué grâce à la complicité d'un ami haut placé, ami qui, tout à coup se trouve compromis dans une affaire de meurtre. La mise en route de Zot est un peu longue, qui refuse de s'impliquer, tergiverse. L'auteur force le trait de ce policier de seconde zone traînant derrière lui la perte d'une femme dont il ne s'est jamais remis. Pas forcément très sympathique, le héros.

    Et puis, petit à petit, les pages tournent plus vite, l'attention, la tension augmentent. Il devient, tout à coup, difficile d'interrompre la lecture, de quitter l'univers de ce policier. "Le milieu de partie" se révèle dynamique, enlevé, captivant, prometteur. Le petit flic se transforme, l'air de rien, commence à prendre sa mission à cœur, surprend par ses initiatives judicieuses. Sa sobriété, sa discrétion, sa modestie, l'habitude qu'il a de se déprécier cachent des qualités qui se dévoilent sans tapage. Il devient entreprenant, humain, plus chaleureux, voire tendre. Son enquête est bien menée, les morceaux du puzzle s'imbriquent tranquillement mais correctement. Les personnages de l'histoire, tous décrits longuement, avec précision et recherche prennent vie et commencent à devenir dignes d'intérêt. L'explication des faits, au fur et à mesure de l'avancement de l'intrigue, en relation avec les douleurs de l'enfance touche une corde sensible. Jenny, strip-teaseuse au grand cœur, simple, heureuse de tout, à la fois souple, docile et pourtant capable de décisions personnelles, est attachante. Les références à Jean GENET, auteur parfois controversé, ajoutent une note littéraire et plaisante à ce roman foisonnant de détails de tous ordres : géographiques, psychologiques, historiques, voire gastronomiques.

    Mais la "finale" est décevante, presque convenue, relevant davantage d'un roman à l'eau de rose que de ce que j'attends d'un bon policier. Paul, en partie coupable, que Zot refuse de dénoncer, Jenny qui ouvre la porte à une possible histoire d'amour… tout se termine trop bien. Les méchants sont morts, les gentils sont prêts à continuer leur petite vie… Dommage que Marc SICH n'ait pas davantage donné dans le NOIR.

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