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Né il y a 400 ans des pouvoirs d’une sorcière, l’Enfant-Mandragore la condamne à mourir sur le bûcher mais elle lui jette le sort de vivre éternellement.
On comprend au fil de ses aventures que cet enfant n’en est pas vraiment un, malgré son corps de garçon de 12 ans. Vivant aux côtés de protecteurs, il apprend d’eux et s’enrichit d’une intarissable connaissance de la nature humaine. Ne pouvant changer le destin de chacun d’eux, il les assiste, les conseille et suit leurs routes successives jusqu’à leur dernier souffle.
Mais surtout, il raconte ce qu’il a vécu, mémoire vivante d’un passé qui nous ravit autant qu’il nous révolte. Depuis sa naissance en 1548 dans le Luberon, il aura voyagé à travers le monde, accompagnant entre autres, le peintre Le Caravage à Rome et le chirurgien nazi Heim pendant la Seconde Guerre mondiale.
Rachel Rosenbaum, médecin elle-même, est arrêtée par la Police française en 1940. Elle survit à l’holocauste parce qu’elle soigne les enfants malades de Drancy. Mais ce ne sera pas le cas de son frère jumeau, ni de ses parents qui seront déportés à Auschwitz. Elle va alors passer 25 années à tenter de retrouver le criminel de guerre qui a tué sa famille et a échappé au jugement de Nuremberg. C’est dans sa quête obsessionnelle et destructrice qu’elle va croiser la route de l’Enfant, devenu le protégé de l’ancien nazi.
A travers les paroles de ce témoin damné de l’Histoire du Monde, l’auteur nous dévoile un formidable savoir qui donne au roman, au-delà de sa dimension historique et de sa veine fantastique, une profondeur encyclopédique dans bien des domaines.
Mêlant les contes et la réalité, David Vall passe d’une époque à l’autre, tissant avec virtuosité l’écheveau d’un récit passionnant tout en contrastes, où se côtoient la beauté et la l’horreur, l’amour et la souffrance, l’immortalité et la mort.
Ce grand roman est une plongée dans des ténèbres sublimes et terrifiantes dont je suis ressortie sonnée mais conquise et que je quitte à regret.
Voilà un moment que le roman de David Vall, L’enfant mandragore, habite ma bibliothèque. Je n’avais pas eu encore le courage de me lancer à la découverte de ce pavé de 729 pages. Par ailleurs, sachant le sujet un peu “lourd”, peut-être n’avais-je pas non plus le courage de m’y confronter.
Et puis la curiosité faisant, je me suis lancée. Certes, ce n’est pas un page-turner, certes je n’ai pas entrepris sa lecture avec l’idée de la finir dans la nuit comme je peux parfois le faire. Mais quelle plume, quel plaisir de lire une œuvre maîtrisant aussi bien notre langue française.
L’intrigue du roman met en scène trois personnages centraux : Johanna Brucker alias Rachel Rosenbaum, Hanton Hauser, Heim, l’ancien officier nazi, et Lucian, un jeune garçon mystérieux, hébergé au château. Heim est en fin de vie et Johanna a été recruté pour l’accompagner et lui offrir les soins palliatifs. Même si elle est un personnage secondaire, je voudrais citer Géraldine, qui est une bouffée d’oxygène, un rayon de soleil dans l’obscurité de ce huis-clos.
Né alors un huis-clos à l’ambiance si lourde qu’il m’a parfois fallu fermer le livre et reprendre ma lecture un peu plus tard.
Jusque là, rien de remarquable. Mais lorsque l’on sait que Heim est un ancien tortionnaire nazi, que Johanna-Rachel d’origine juive rêve de vengeance et plus extraordinaire, que Lucian est en fait un individu bien plus âgé qu’il n’y paraît, nous voici plongé dans un bal masqué tragique, fantastique, dont on ne sait qui mène vraiment la danse.
Difficile de se lancer dans un résumé de ce roman sans révéler les arcanes de ce trio mystérieux et de l’intrigue imaginée par David Vall. Ce que je peux révéler en revanche, c’est que l’auteur nous entraîne à travers le temps, évoquant au passage et avec force détails, la peinture, la musique, la psychologie, la philosophie, la sorcellerie, le thé … C’est un voyage spatio-temporel dans l’Histoire dans ce qu’elle a de plus noire et parfois, aussi, de plus beau.
Au-delà, c’est aussi une réflexion sur la nature humaine que nous livre David Vall, sur la capacité à détruire et à faire souffrir l’autre, sur le besoin de vengeance, sur comment on devient un monstre, qui ou quoi peut faire de nous, tous, un monstre.
Quelle érudition, quelle culture ce roman met entre nos mains.
Une lecture magistrale que je vous recommande vivement ! Évidemment, en l'ouvrant, j'ai été un peu intimidée par cet énorme pavé de presque 700 pages, mais à peine commencé, mes inquiétudes se sont envolées, et j'étais frustrée de ne pas avoir plus de temps pour lire. Dès le départ le lecteur est invité dans un manoir empli d'âmes damnées à l'ambiance étouffante. Ce huis clos nous fait paradoxalement voyager dans le temps et l'espace en suivant les ténèbres et les éclats de l'âme humaine. C'est une lecture très enrichissante historiquement et artistiquement, qui ne devient jamais pesante. Les éléments du récit se dévoilent peu à peu tout en laissant place au suspense, et les descriptions y sont intenses (attention c'est parfois très dur). Je voyais chaque scène, chaque personnage et chaque tableau (j'ai d'ailleurs redécouvert les œuvres du Caravage). Une lecture que vous ne devez absolument pas rater !
A la première manipulation, l’ouvrage impressionne. Par son épaisseur, son poids, et la densité des pages emplies d’une écriture serrée. La couverture est intrigante, montage d’un tableau de Le Caravage, avec qui on fera plus amplement connaissance plus tard. Et le papier, comme la couverture sont doux au toucher. C’est un détail que je m’étonne d’avoir noté, n’étant que peu attachée à l’objet livre. Ce qui compte pour moi ce sont les histoires. Et ici c’est du lourd, et pas seulement en raison des presque 700 pages qui explorent le destin de trois personnages peu banals.
Johanna Brücke, mais on devrait plutôt l’appeler Rachel Rosenbaum, a été engagée pour soulager les souffrances d’un homme qui vit ses derniers jours. Dans le château discret où vit cet ancien officier nazi, entourée de ses serviteurs, est hébergé un jeune garçon dont l’aspect juvénile masque son âge véritable, qu’il justifie par une atteinte hormonale ayant stoppé sa croissance.
Ce trio joue un jeu de dupe, chacun s’abritant derrière un portrait construit. Mais le plus extraordinaire est bien sûr Lucian que Johanna écoute avec doute et fascination tant ce qu’il lui raconte dépasse l’imagination…
Sans vouloir révéler le secret de ses personnages au lourd passé, le roman nous entraine « à travers l’espace et à travers le temps » avec une virtuosité prodigieuse. Du Moyen-âge à la peinture italienne du 17è siècle, de la seconde guerre mondiale aux années 70, période à laquelle se déroule l’histoire contée. Peinture, musique, botanique, thé … les domaines d’expertise sont multiples.
C’est brillant, érudit, et laisse supposer l’énorme travail de documentation en amont, ce qu’attestent les annexes en fin d’ouvrage.
Mais au-delà des connaissances, l’art de les transmettre par le biais de ce roman foisonnant est remarquable : on ne s’y ennuie pas une minute.
On s’attache aussi aux personnages et en particulier à cette femme blessée par la vie venue accomplir ce qu’elle considère comme son devoir, et qui se laissera manipuler par ses hôtes.
Mention particulière pour l’enfant mystérieux :
« La véritable question est de savoir où commencent l’illusion et la manipulation ».
Folie ou irruption du merveilleux : chacun fera son choix….
C’est une très belle découverte dont je remercie l’auteur, qui m’a permis cette superbe escapade littéraire.
Un conseil d’utilisation : se munir d’une tablette ou d’un ordinateur pour apprécier encore plus les descriptions des tableaux de Michaelangelo Merisi
Qui est l’enfant-Mandragore ? Un mystère !
Qui est David Vall ? Un génie !
Chercheur en Neurosciences du comportement mais aussi peintre, David Vall est un écrivain français originaire de Bretagne où le soleil brille souvent !
« L’enfant-Mandragore » est son quatrième roman.
Rachel Rosenbaum est médecin, son passé la rattrape et l’empêche de vivre sereinement. Elle entreprend de se rendre auprès du monstre de ses cauchemars en usurpant l’identité d’une infirmière Johanna Brücke. Celle-ci se voit confier la mission de seconder un vieil homme aux portes de la mort vivant dans un manoir près du lac Léman à Genève.
Arrivée au manoir, Rachel va faire connaissance avec le personnel de maison tels que la cuisinière « Frau Zabelle », le chauffeur et jardinier « Léon », le majordome « Wilfried », et « Géraldine » la petite servante malentendante.
Elle est présentée à Anton Hauser, vieillard malade en fin de vie. Sa mission est de le soigner dans les derniers instants de sa vie et ainsi atteindre son objectif : trouver cet homme avant Dieu !
Une autre rencontre se distingue de toutes les autres, celle de Lucian. Ce jeune garçon se révèle à Rachel et lui offre le récit de sa longue vie, il prétend être âgé de quatre siècles. Né de façon très originale, sous l’emprise de la sorcellerie, nous comprenons pourquoi cet être n’est autre que l’enfant-Mandragore.
C’est ainsi que nous voyageons dans le temps, du 16ème siècle à nos jours, Lucian va se trouver sous la protection de certaines figures illustres. Il sera le modèle du Caravage, peintre italien. En temps de guerre, il est sous la tutelle de l’officier SS Heim. A ses côtés, il est le témoin de la plus grande cruauté dont l’être humain puisse être capable.
Ses révélations permettent à Rachel de retrouver les traces de son frère jumeau. Je n’en dirais pas davantage sur l’histoire.
La construction du récit est ingénieuse selon un relief reliant différentes époques, ce qui nous tient en haleine et donne la sensation de ne jamais être rassasié. Impossible de ne pas éprouver une irrésistible envie de continuer à progresser dans cette histoire fort bien contée.
Le travail d’écriture est un concentré d’adresse, de maîtrise du mot, de magie de la mise en scène qui font qu’on y retourne avec envie et intérêt.
J’ai souvent imaginé les extraits de lecture transposés en images cinématographiques et à mon avis tous les ingrédients sont présents pour assurer l’espoir d’un très bon film.
Je dois avouer que je ne suis pas très enthousiaste en général face aux récits en lien avec les atrocités de la guerre. Les descriptions faites par l’auteur très explicites et savamment rédigées révèlent un travail de recherche approfondi.
Malgré cela, l’histoire m’a tenue en éveil, jamais lassée, toujours donné l’envie de poursuivre, de savoir jusqu’où irait Rachel, jusqu’où irait la folie de Lucian ou encore la cruauté détachée de cet officier SS Heim.
Ce roman suit tous les genres, il est bien évidemment historique et frôle parfois le documentaire. On y trouve aussi la puissance de l’amour familial qui unie les enfants à leurs parents ou plus précisément la symbiose entre deux jumeaux.
De nombreux faits de société sont abordés avec lucidité et compassion comme par exemple l’homosexualité, le couple homosexuel.
J’ai bien aimé l’épilogue, la façon de l’auteur de clôturer, d’amener le devenir de chacun en donnant l’importance méritée à un personnage à la tendre innocence.
Enfin, je voudrais aborder le côté érudit de ce roman car le travail de recherche est détectable au détour de chaque phrase. Le côté instructif est indéniable et réel.
Par exemple, l’histoire du Caravage est détaillée, on apprend que Michelangelo de Merisi de Caravaggio a eu une vie mouvementée, s’est souvent trouvé au milieu de rixes et ses peintures traduisent parfois l’effet de son caractère excessif sur bien des points.
Ou encore, la description des soins apportés au malade sont développés comme si un professionnel de santé en parlait.
Pour citer un autre exemple, la scène du rituel du thé d’exception servi par Lucian, nous livre qu’un certain type de thé récolté sur l’île de Taïwan, dont les feuilles sont lésées par la morsure d’un criquet, le rend ainsi précieux.
En bref, chaque sujet résulte d’une documentation détaillée et de haut niveau, la bibliographie nous en rend témoins.
Ce roman est d’une exceptionnelle qualité tant dans sa forme que dans son contenu. L’écriture est abordable néanmoins élaborée et le vocabulaire est varié et très recherché.
Pour conclure cette chronique, j’ose employer le terme fort de « chef d’œuvre », car ce roman en est un et mérite le détour ! Tous mes compliments à son auteur !
Enorme coup de coeur pour ce premier roman de David Vall.
Dans les années 1970, Rachel Rosenberg, médecin, usurpe l’identité d’une infirmière suisse afin de la remplacer au chevet d’un vieil et riche homme, le temps de la durée de ses soins palliatifs dans son manoir isolé de Genève.
Si Rachel a ainsi intrigué, c’est qu’elle est persuadée qu’Anton Hauser n’est pas celui qu’il prétend être mais un médecin allemand, criminel de guerre, ayant réussi à échapper à la justice.
Dans l’entourage du vieil homme mourant, il y a le jeune Lucian qui prétend être bien plus âgé que ce que son aspect physique ne laisse supposer : il serait né quatre siècles plus tôt, serait immortel et aurait servi de modèle au Caravage.
Folie, affabulation, Rachel ne sait que penser.
» Mon rôle n’est pas de juger. Il n’est pas d’influencer le cours de l’Histoire ni même de modifier à ma guise les trajectoires des Hommes (…) Ma damnation est de subir tout cela sans pouvoir rien empêcher. Elle est de vivre la grandeur et la décadence des Hommes et des civilisations comme un témoin impuissant, insignifiant, un suiveur, un observateur, un serviteur. Toute ma vie, c’est ce que je resterai jusqu’à ce que, peut être, la rédemption me soit accordée, et qu’on m’autorise à quitter ce monde. »
Lucian passe un marché avec elle, ayant bien compris qu’elle est venue se venger de son grand-oncle : il va lui raconter sa vie chaque soir, en échange elle attendra la fin de son récit pour accomplir ce pour quoi elle est là.
A partir de là, nous lecteurs, plongeons dans ce récit au coeur de l’Histoire : du XVIème siècle du peintre Le Caravage aux camps d’extermination nazis, jusqu’à l’épilogue au début des années 2000.
J’ai été emportée par l’écriture, l’érudition de David Vall qui, au-delà d’une fiction, pose des questions de philosophie, d’éthique, de psychanalyse, de littérature.
Je retiens particulièrement un passage : » Les fautes d’une époque ne peuvent être jugées qu’à l’aulne des moeurs et des valeurs de cette époque. Il est bien aisé de jeter la pierre sur ceux dont nous pensons qu’ils se sont mal comportés en d’autres temps. Et quand bien même les gens s’accorderaient sur la définition de ce qui est bien et de ce qui est mal à travers les époques, il resterait la notion de leurs utilités respectives à débattre. Les fautes sont porteuses d’enseignement. Elles permettent de grandir. »
» L’enfant-Mandragore » est un grand roman qu’il faut absolument découvrir.
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