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Chute libre
C’était génial. D’après les avis, Chute libre est le moins bon de la saga autant dire que si ce roman est le mois bon ça promet des lectures excellentes. On suit Leo Graf, un professeur de soudure dans l’espace. Il débarque sur une station orbitale située en marge du système habité pour enseigner aux nouvelles recrues de la boite qui l’emploie. Et là surprise, il se retrouve face à des humains qui n’ont pas 2 jambes et 2 bras mais 4 bras ce qui en l’absence de gravité est un sacré avantage. Ce sont les quaddies, des êtres manipulés génétiquement pour servir d’esclaves. Ils n’ont plus besoin de retourner dans les zones à gravité non nulle et peuvent donc travailler non-stop.
Dans un premier temps, Leo fait l’autruche en se concentrant sur sa retraite proche et le besoin de ne pas faire de vagues. Il fait comme si tout était normal et tente de ne jamais s’interroger sur le statut de matériel et non d humain des quaddies. Mais se contenter de faire son travail et partir n’est pas forcément si facile que prévu. A force de passer du temps avec les quaddies, il sympathise avec ces grands enfants naifs qui ont été surprotégés et coupés du monde pour pouvoir être mieux manipuler. Des adultes qui ont gardé leur caractère d’enfants et qui ont développé un gros esprit de groupe avec la solidarité au coeur de tout, ne peuvent pas laisser indifférent. Or une fois attaché, Leo n’arrive plus à accepter leur statut d’objets. Mais il ne veut pas se leurrer, un tel groupe hyper naïf n’est absolument pas préparer à ce qui se passe à l’extérieur et il y a de fortes chances que leur libération se passe mal pour eux. Que faire quand les choses s’accélèrent ?
Dans cet univers, on a considéré qu’on pouvait jouer avec les gènes sans limite et que le résultat n’était plus humain même si l’on n’a pas touché au cerveau ni au langage. Sous réserve d’expérience scientifique, les résultats sont du matériel. Ils sont donc destructibles, cessibles… on peut faire ce qu’on veut d’autant plus qu’on s’est localisé en marge du système pour ne pas être soumis aux contrôles éthiques.
Cela pose de nombreuses questions.
Jusqu’où peut-on manipuler nos gènes ? Qui est un humain ? A-t-on le droit d’expérimenter sans limite ?Est-ce qu’on a tous les droits sous prétexte de profit ? Quand on a une conscience, une éthique, est-ce-qu’on a le droit de fermer les yeux ? Dans quelles conditions intervenir ? Est-ce-que c’est bien d’intervenir, de prendre la décision à la place des concernés car c’est « pour leur bien » ? Ce texte est rempli de questions de ce type et avec des personnages hyper attachants ce qui donne un double niveau de lecture possible.On peut donc soit le prendre soit comme du divertissement on s’amuse et s’inquiète pour les personnages en se contentant de suivre l’aventure soit réfléchir autour de la propriété, de l’inexistence légale qui enlève les droits, de l’éthique, de ce qui est tolérable ou non et de la façon de choisir son avenir quand on a été élevé dans un monde protégé de l’extérieur. C’est foisonnant d’émotions et de réflexions, c’était génial.
Cordélia
Cordelia est chef d’un vaisseau scientifique et son expédition se fait attaquer. Elle se retrouve seule et otage d’un chef du camps adverse, qui lui a été abandonné suite à une rébellion. C’était génial, Cordelia est juste merveilleuse, elle a des répliques aux petits oignons. Par exemple, il y en a une remarque sur l’ego des autres scientifiques de l’expéditions qui est juste excellente.
Le récit se concentre sur une course poursuite et là le traitement est top. Toutes les scènes à la noix, pas crédibles… sont évitées. Pas de pauses hormones, juste 2 personnages que tout oppose qui profite de leur cavale pour apprendre à se connaitre, à se respecter, à intégrer leurs différences culturelles…
Très vite, un aperçu des manigances politiques et personnelles est mis en place et on comprend que nos 2 protagonistes sont les dindons de la farce.
Chacun des choix dans la trame est top. J’aime le dilemme qui se met en place quand on commence à respecter l’autre mais qu’on n’est pas dans le même camps. Comment rester fidèle à soi-même en respectant son adversaire et sans trahir sa nation ? Il y a pas beaucoup de thèmes abordés et de manière jamais prévisible. On évite tous les écueils, toutes les facilités, tous les clichés, c’est une ambiance qu’il fait bon suivre.
Barrayar
J’ai adoré découvrir Barrayar à travers le regard de Cordelia. Sur sa planète, le système est très égalitaire, très ouvert et avec une place pour les femmes et les handicapés plus sympathique. Barrayar est plus rétrograde, il faut être une épouse avant tout et ne présenter aucun défaut physique. Cordelia est donc un ovni sur cette planète entre son grade de capitaine et sa féminité. Au lieu de se plaindre et se battre, elle accepte et mène une étude très anthropologique et ethnologique. On va vraiment avoir l’impression qu’elle se met en retrait pour comprendre ce qui se passe. La place non négligeable des questions autour du handicap était très intéressante.
J’ai adoré les réflexions sur ce qu’on doit faire ou pas des handicapés et le contraste entre chez Cordelia et Barrayar. Chez Cordelia, tout est accepté, tout doit être au mieux, on est soigné et ne se résume pas à un physique de grosses brutes guerrières. Sur Barrayar, la force brute est reine, il n’est pas question d’accepter une personne qui n’a pas la pleine possession de son corps. Ce contraste de mentalité est très bien traité et fait écho à la place du handicap dans notre société.
Le handicap mental, psychique est aussi traité avec l’idée du bon et du mauvais handicapé. C’est rude mais ça sonne très juste.
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