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La nature des choses

  • Suspendue entre effroi et malaise, voilà dans quel état je suis ressortie de ce roman singulier. Entre huis-clos à ciel ouvert et torture psychologique Charlotte Wood m'a traîné, comme ses héroïnes, dans la moiteur et la poussière de l'impitoyable bush australien afin d'exposer la cruelle réalité d'une société patriarcale. De ce groupe de femmes kidnappées, nous ne savons rien ou très peu, seulement qu'elles sont jugées par une agence qui ne supporte pas leur liberté d'agir, seul privilège des hommes. Jusque là, rien de bien neuf sous le soleil mesdames... Oui, mais la particularité de ce roman choral sont les non-dits et la tension psychologique grandissante qui pèse autour de ce camp caché des regards. Prisonnières et peu à peu déshumanisées, ces dix jeunes-femmes vont devoir composer entre perte de dignité et instinct de survie. Encadré par trois geôliers peu professionnels, le groupe change lentement de visage à mesure que la disette se profile. Qui les retient prisonnières ? Pourquoi ne sont-ils pas ravitaillés ? Malgré des longueurs impitoyables de noirceur et quelques frustrations, ce roman porte un regard acéré sur la place de la femme, mais aussi sur notre nature profonde et le rôle que l'on s'attribut.

    Enfermées dans un endroit inconnu au milieu du bush et soumises à d'humiliantes formes de tortures psychologiques, dix femmes qui ne se connaissent pas vont devoir survivre à cet enfer. Surveillées par trois geôliers imprévisibles, notamment le vicieux Boncer, elles sont tour à tour rasées, habillées de guenilles et enchaînées pour le plus grand plaisir de ceux-ci. Embauchés par une mystérieuse agence, que leur réserve les trois individus ? Les jours passent et l'humanité déserte peu à peu ces jeunes-femmes dont la raison vacille. Parmi elles, nous suivons les pensées de Verla et Yolanda deux femmes au parcours différent, mais liées par la même volonté de résister. A mesure que les jours, les semaines et les mois s'égrènent, un constat s'impose, le mystérieux Hardings qu'attendent les geôliers ne viendra pas. A l'aube de la famine, le vent semble tourner dans le camp...

    Étouffant et pesant, avec ce roman Charlotte Wood livre ici un plaidoyer féministe élaboré. Non seulement, elle met en lumière la misogynie ambiante, mais utilise l'escalade psychologique comme démonstration de la perfidie de l'homme. Étrange sous bien des aspects, en se concentrant sur Verla et Yolanda, l'intrigue prend une forme inattendue puisqu'elle renvoie ces femmes à leur identité de genre, mais leur permet également de se confronter à leur nature profonde et ainsi découvrir certains aspects de leur personnalité.

    De ce retour à l'état sauvage décrit avec virulence et parfois poésie, la romancière met en opposition le désir que ces femmes inspirent en début de détention et la laideur physique acquise au bout de quelques semaines. J'ai pu sentir l'odeur pestilentielle dégagée par ces corps poisseux, les puces s'attaquer au cuir chevelu ou encore la faim tirailler les estomacs. C'est à travers cette écriture persuasive que les personnages troquent malgré eux le confort de la modernité contre une vie misérable sous le joug de la peur et la domination masculine.

    Roman dense, j'ai toutefois été frustrée par des éléments passés sous silence ainsi que des passages assez redondants ce qui, selon moi, n'est que le reflet de l'attente des prisonnières. Toutefois, j'ai plutôt été séduite par une fin ouverte assez intéressante malgré un style littéraire parfois indigeste. Bref, voilà un roman important dans la lignée de la grande Margaret Atwood !

    http://bookncook.over-blog.com/2019/02/la-nature-des-choses-charlotte-wood.html

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  • Je referme mon livre avec un sentiment de frustration et d’inaboutis et ma première pensée est « tout ça pour ça ? ». Vraiment passer à côté d’un roman à ce point quel dommage. Pourtant le sujet en lui-même était on ne peut plus prometteur. Dix femmes retenues prisonnières dans le désert Australien, dans des conditions inhumaines, rasées, assoiffées, battues et j’en passe, il y avait matière à nous sortir un scénario infernal, une intrigue puissante et bien que nenni, tel n’a pas été le choix de l’auteure. Charlotte Wood c’est contenté non sans un certain talent d’explorer la longue descente aux enfers de ces femmes, d’un point de vue psychologique. On va suivre leur pensées, décousues au début à cause des drogues qu’elles ont reçues puis de plus en plus réalistes et terre à terre face à leur volonté de survivre à tout prix. Leur transformation est lentement décrite en trois grandes saisons Eté, Automne, Hiver. Les trois odieux geôliers qui sont chargés de leur garde vont s’avérer dépourvus lorsque la nourriture vient à manquer. C’est ce qui nous est dit dans la quatrième de couverture donc on attend avec hâte d’arriver à ce moment là pour savoir de quelles façons cela va maintenant influencer les choses. Malgré cela le scénario reste d’une lenteur désespérante, on n’avance pas, on ne trouve aucune réponse à nos questionnements et pire, il n’y a même pas de suite en vue, pas le moindre tome 2 pour rattraper le coup. On ne sait pas comment elles ont été choisies ni pourquoi ? Qui est l’énigmatique Hardings que l’on attend désespérément ? Je ne dis pas qu’il n’y a pas de bons passages, ceux où la nature du bush est décrite semblent presque poétiques, les descriptions sont du grand art et la plume fluide de l’auteur se lit aisément mais cela est resté insuffisant à mon goût pour me faire apprécier ma lecture, je reste avec une profonde insatisfaction et quand j’apprend qu’il y a une adaptation cinématographique en vue , je me dit que je n’irai certainement pas voir ce film si c’est pour qu’il se finisse en queue de poisson comme le livre. Si j’ai pu aller jusqu’au bout de ma lecture c’était parce que j’attendais un dénouement qui n’est jamais venu aussi je laisse ce livre à ceux et celles qui aiment les fins énigmatiques, ce qui vous l’aurez compris n’est pas mon cas. Bonne lecture.

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  • Je remercie Les éditions DU MASQUE pour l’envoi de ce livre même si c’est en enfer qu’elles m’ont emmené, très involontairement, j’en suis persuadée.

    Dès les premières lignes, j’ai pourtant été happée par l’histoire de ces femmes prisonnières au fin fond du bush australien, dans un lieu indéterminé. Est-ce une prison où un hôpital psychiatrique ? On ne le sait pas vraiment.
    Ce qui est sûr, c’est que tout y est laid, sale, puant. Dix femmes y sont retenues, vêtues de haillons, les pieds martyrisés dans d’affreuses bottines, tenues en laisse lors des promenades.
    Si elles ont des rêves d’évasion, les clôtures électrifiées les en dissuadent bien vite.
    « Là dans les prés et sur la crête, elle comprend, elles sont… ignorées. Elles ne sont pas menacées d’être matraquées, ligotées, attachées en laisse, harponnées. Elles ne sont ni des putes, ni des prisonnières. Pas même des filles, quand elles sont là, mais comme des graines emportées par le vent. »

    Que dire des gardiens ? Deux hommes et une pseudo infirmière qui n’ont pas l’air d’en savoir plus sur le sort réservé à leurs prisonnières. Ils semblent attendre un mystérieux personnage nommé Harding.

    Je ressors de ce livre lessivée, en proie à un étrange malaise. Toute cette horreur, cette saleté, cette puanteur m’ont collé à la peau au point que j’ai souvent lâché cette lecture pour aller faire un tour dans mon jardin, respirer l’air pur.

    De plus, j’y ai trouvé des longueurs insupportables, notamment dans la préparation du lapin qui devient rapidement la seule nourriture, lorsque les vivres viennent à manquer. L’auteur ne nous épargne rien des pièges posés, du dépeçage, de la préparation, de la cuisson. Cela dure des pages et des pages.
    Je vais rester sans en manger pendant longtemps, je crois.

    J’ai mis trois étoiles à ce livre car malgré toute cette souffrance, je salue une écriture addictive, un suspense constant.
    Je me pose beaucoup de questions en refermant ce livre mais l’auteur a choisi de garder des zones d’ombre dans ce récit déjà bien noir.

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  • C'est sur ce résumé court mais qui interpelle que je me suis lancée dans ce roman , qui est présenté comme un des fers de lance de la future rentrée littéraire. On y découvre Yolanda, Verla , Hetty et les autres , 10 femmes , rasées, vêtues d'oripeaux, et prisonnières de deux géôliers mystérieux. Enfermées dans des bâtiments désaffectés, forcées à des travaux très durs, on en apprend un peu plus sur chacune d'elles, tout en essayant de comprendre ce qui les a conduit ici.

    C'est le début d'un huis-clos totalement étouffant, où on voit évoluer ces personnages passant de victimes à prédatrices, se rebellant, essayant de profiter de ce bush australien au coeur duquel elles sont plongées, pour retourner la situation.

    Clairement ce polar est très bien construit, et possède un potentiel incroyable. Le point de départ est original et donne envie de poursuivre la lecture . C'est bien écrit, l'ambiance pesante du huis-clos est prenante et bien respectée mais j'ai été particulièrement déçue par la fin. Car on est très loin d'obtenir toutes les réponses, et à moins que l'auteur ne prévoit une suite, ce roman laisse sur la faim, tant le sort des héroïnes , leurs destinées, et les raisons cachées derrière leur capture reste flou.

    Une lecture en demi-teinte sur laquelle je vous conseille de vous forger votre opinion dès sa sortie.

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