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Je me souviens de Falloujah

  • Chambre 219 d’un service de soins palliatifs. Le père en fin de vie. Son fils a besoin, désespérément besoin, de renouer un lien avec lui. Même si ce dernier est toujours resté mutique sur son passé, depuis son arrivée en France.

    Rami, le père, a quitté l’Irak lors de l’arrivée au pouvoir de Saddam Hussein. Depuis, il se terre dans le silence et refuse de répondre aux questions de son fils, Euphrate, au sujet des raisons de son exil volontaire.
    La maladie efface inéluctablement la mémoire de son père. Euphrate veut la faire ressurgir par une succession d’anecdotes et d’évènement dans lesquels Rami fut impliqué. Il se veut la mémoire vivante de son géniteur. Mais c’est également l’occasion pour le fils, de présenter ses propres souvenirs à son père.

    Ainsi, le roman va énumérer, sans chronologie, différentes parties de leur vie.
    Ce livre ressemble à une série d’articles journalistiques tant par le style que par la construction. L'auteur, Fleurat Alani est journaliste et grand reporter.

    Mais le lecteur reste sur sa fin. Le manque de chronologie (même s’il est vrai que les souvenirs ressurgissent sans se soucier de la logique !) ainsi que le croisement des réminiscences du père et du fils, peuvent gêner la lecture et surtout la fluidité du récit.

    Peut-être aussi, y-a-t’il trop de sujets abordés… L’exil, la fin de vie, l’incompréhension père/fils, la genèse de la dictature irakienne, les différences entre la vie à Bagdad et celle dans les villes plus reculées comme Falloujah, la place des enfants d’émigrés, etc.
    L’ennui, c’est que chaque sujet n’est pas assez approfondi. On est souvent frustré par ce survol des évènements.
    Et c’est bien dommage…

    Lu dans le cadre du Grand prix des Lecteurs 2024.
    Merci au livre de Poche de m’avoir permis de découvrir cet auteur.

    https://commelaplume.blogspot.com/

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  • "Je me souviens de Falloujah" est un premier roman poignant sur l'exil, l'identité et la transmission, un bel hommage d'un fils à son père. Le grand reporter Fleurat Alani interroge ses racines irakiennes et fait découvrir un Irak aujourd'hui méconnu. C'est un très grand livre.

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  • Rami, le père, réfugié irakien ayant fui le régime de Saddam Hussein et Euphrate, le fils né en France, s'ouvrent l'un à l'autre. En fin de vie, Rami devenu amnésique ne se rappelle que de sa vie avant l'exil.
    Avec l'aide d'Euphrate, il reconstitue la partie oubliée et livre les secrets sur sa jeunesse dans son pays natal.
    Coup de coeur pour ce premier roman, belle plume pleine de sensibilité pour ce récit poignant entre quête identitaire et sombre récit du martyr irakien.

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  • Lorsqu’Euphrate constate que son père commence à perdre ses repères, s’impose à lui comme une urgence de mettre des mots sur les mystères de son passé, sur les non-dits de sa vie familiale. D’autant que parmi les affaires de son père, il a trouvé des papiers qui ouvrent le champ des possibles sur l’identité même du vieil homme. Qui était réellement Rami ? Quels sont les motifs de son exil ? C’est cette quête qui guide le récit, au gré de la mémoire fantasque de Rami.

    Le roman retrace l’histoire tourmentée de l’Irak, depuis la révolution de 1958 jusqu’à nos jours. Un pays traversé par la guerre, civile ou fomentée par les états occidentaux avec en filigrane les possibles marchés autour du pétrole. Et derrière les décisions politiques, des êtres impliqués malgré eux, des ruines toujours plus nombreuses, des trahisons et des malheurs. Au sein de la famille même de Rami, il est difficile de différencier ami ou ennemi.
    Pour Euphrate, qui découvre le pays de ces ancêtres quand il est ado, bien des illusions se perdent.


    L’intérêt pédagogique est indiscutable, pour mieux connaître l’histoire de ce petit pays martyr. Le roman apporte la touche affective qui renforce l’adhésion au propos.

    La construction est par contre un peu complexe. On ne sait pas ce qui ressort de la mémoire altérée du père ou d’un récit inclus dans le roman. Le fil conducteur de l’amnésie n’st pas utilisé jusqu’au bout.

    Il en reste cependant un roman très intéressant.

    288 pages Lattès 1 mars 2023

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  • Encore un roman sur un père exilé en France qui tait à son fils son passé empêchant celui-ci, faute de connaître ses racines, de se construire, c'est ce que m'a inspirée la lecture de « Je me souviens de Falloujah ».
    La différence est que le pays quitté par le patriarche est l'Irak, un endroit peu abordé dans la littérature et connu surtout pour être un terrain de guerres alors qu'il fut l'un des berceaux de la civilisation et sa capitale, Bagdad, une ville au rayonnement culturel immense.
    Rami, le père, se meurt d'un cancer dans un hôpital parisien. Partiellement amnésique, ses souvenirs concernent la période qu'il vécut avant son arrivée en France en 1972, près de trente années sur lesquelles Euphrate, le narrateur, ne sait rien.
    Sa perte de mémoire va offrir la possibilité de rattraper le temps perdu et de réunir le père et le fils dont les destins vont se répondre.
    « Je me souviens de Falloujah » commence le père avant de raconter son histoire sur laquelle je ne m'étendrai pas pour ne pas la déflorer et enlever au lecteur le plaisir de la découverte.
    Au-delà du récit plutôt convenu de la relation entre un père et son fils, ce premier roman vaut surtout pour le portrait d'un pays passé du raffinement à la sauvagerie.

    http://papivore.net/litterature-francophone/critique-je-me-souviens-de-falloujah-feurat-alani-jc-lattes/

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  • Hospitalisé pour un cancer dans la chambre 219 d'un hôpital parisien, Rami Ahmed, 75 ans, devient peu à peu amnésique. Son fils, Euphrate, le narrateur, ne peut se résoudre à ce naufrage des souvenirs qui le prive, lui aussi, d'une grande part de son histoire. Pour inciter son père à retisser les fils de sa mémoire, Euphrate lui raconte ses propres souvenirs ainsi que ce qu'il a pu découvrir de la jeunesse de Rami, en Irak.

    C'est ainsi que de 1944 à 2019, l'histoire de Rami, d'Euphrate et de leur famille s'entrelace avec celle du pays paternel. A la violence familiale, subie par Rami enfant, succède et répond la violence politique engendrée par les dictatures, la répression et l'apprentissage du silence pour seul rempart. Né en France, Euphrate ne peut se résoudre à l'absence de réponses : qu'a vécu son père en Irak ? Quel rôle a-t-il joué ? D'où vient sa souffrance indicible ? Quel est ce "secret dont [il] ne peux parler" ?

    Les allers et retours entre les différentes époques, entre la jeunesse irakienne et l'âge adulte en France, recomposent l'intégrité d'un homme, de sa vie morcelée et d'un peuple sacrifié. Cette construction, toute en finesse, rend sensible l'importance de la transmission d'une génération à l'autre, mais également la part de soi qui reste attachée à un pays d'origine pour ceux qui n'y sont pas nés. La netteté de l'écriture et le pouvoir d'évocation qu'elle possède par sa simplicité apparente happent le lecteur pour ne plus le lâcher et lui font vivre intensément le quotidien des Irakiens pendant les guerres qui ont éventré le pays.

    Au fil d'une lecture que je n'ai pu interrompre, les émotions se sont bousculées jusqu'à une fin poignante. Histoire d'un père et de son fils, mais aussi histoire d'un pays, histoire d'une amnésie collective (qui parle encore de l'Irak ?), "Je me souviens de Falloujah" est un roman d'une richesse admirable, à la fois enraciné dans le réel et sublimé par l'amour d'un fils pour son père, d'un homme pour son pays.

    Une lecture, bouleversante et enrichissante à de multiples niveaux, que je recommande ardemment !

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  • Un père, hospitalisé, en fin de vie, une amnésie qui s'installe, à son fils : « Dis moi qui était celui que j'étais. »

    Un fils qui y voit là la dernière chance de reconquérir une mémoire perdue, et propose d'improviser une « joute verbale de souvenirs » dans l'espoir de faire enfin connaissance avec ce père qui s'est tu sur son passé durant toute sa vie.

    Le père, c'est Rami, né en 1944, opposant politique irakien qui a fui son pays en 1972 pour s'exiler en France où est né fils, Euphrate ( double de l'auteur, Feurat ) en 1980.

    Le récit alternant les passages liés au passé de Rami avec ceux liés à Euphrate. Entre Irak et France, les souvenirs se répondent pour reconstituer une histoire familiale qui touche profondément. Au coeur du récit, le continent perdu de l'enfance refait surface : celle douloureuse de Rami marquée par la mort de sa mère et l'arrivée d'une terrible marâtre, puis les années de militantisme trotskiste pour s'opposer à la dictature Baas ; celle d'Euphrate troublée par la gravité d'un père dur et taiseux, par la solitude de celui qui ne sait pas d'où il vient et voudrait faire de la « décalcomanie identitaire » pour être comme ses petits voisins maghrébins ou portugais d'Argenteuil.

    Ce récit intime et introspectif se double d'une plongée sensible dans l'histoire de l'Irak, la vie de la famille exilée étant rythmée par les soubresauts chaotiques du pays : de 1958, chute de la monarchie hachémite avec le coup d'Etat du général Kassem, à 2003 chute de la dictature de Saddam Hussein qui entraine administration américaine et nouvelle guerre civile avec la montée de Daesh, en passant par l'Opération Tempête du désert en 1991 avec son embargo total. Feurat Alani fait voir, entendre, sentir le drame vécu par l'Irak, sans répit, avec une fluidité qui ne tombe jamais dans le didactisme asséné lourdement.

    Son travail sur la mémoire et la transmission est fort et touche au coeur. Animé par l'urgence de sa quête identitaire, le fils finit par déterrer les secrets confisqués par son père et obtenir des réponses, jusqu'à une terrible révélation. La complexité de cette mémoire à retrouver est incarné par l'Euphrate, ce fleuve qui traverse l'Irak et donne son nom au fils / auteur : un fleuve tumultueux, fait de méandres, de profondeurs, de pièges mais aussi de rives protectrices et d'eaux claires.

    Comme le montre ses dernières pages quasi philosophiques, Feurat Falani a conscience de l'éphémère de la condition humaine et de la nécessaire humilité à adopter face à la mémoire d'un homme et celle d'un pays. Les plus beaux passages du roman sont sans doute ceux qui réveillent de lumineuses sensations d'enfance par la réminiscence sensorielle d'une odeur, celle de la cardamone, ou d'une saveur, celle de la glace à l'abricot que l'enfant de neuf ans découvre avec émerveillement lors de son premier voyage en Irak, en 1989.

    Lecture à compléter avec la lecture du roman graphique Parfum d'Irak ( couronné du Prix Albert Londres 2019 ) et le visionnage de la webserie qui ont précédé le roman, les deux sont remarquables : https://www.youtube.com/watch?v=sfxcOGkpGag

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  • Feurat Alani, journaliste, présente son premier roman Je me souviens de Falloujah qui lui permet avec un style maîtrisé et agréable de rendre compte de l’exil, de l’émigration politique et de la situation en France pour les immigrés. En reprenant l’histoire de son pays d’origine, l’Irak, au travers l’histoire d’un père, le narrateur, son fils, raconte son rapport à ce pays qu’il connaît peu et à ce père, aimé et étrange à la fois.

    Il s’appelle Rami, né le 25 janvier 1944 à Falloujah. Il a quitté l’Irak en 1972. Il avait vingt-neuf ans à son arrivée à Paris. À 75 ans, la maladie l’a envahi et avec elle, la mémoire est partie. Un océan venu du passé est englouti d’un coup dans cette chambre 219. Son fils, Euphrate, décide de lui raconter son passé, car Rami a toujours déclaré “je te raconterai plus tard”.

    L’originalité de ce roman de Feurat Alani se situe dans la manière que le fils a de raconter son histoire pour mieux appréhender celle de son père. Et, Euphrate trouvera à la fin la réponse à la question qui obsède son père avec ce trou énorme dans ses souvenirs: “Ai-je réussi ma vie ? “.

    Le roman de Feurat Alani fait partie de ce mouvement littéraire des enfants qui veulent redonner la parole à ces hommes et ces femmes qui ont tout quitté pour s’inventer autre part. Ces enfants, formés à l’école républicaine, ont vécu l’absence de mots, la mélancolie du regard, l’ailleurs impossible à recréer ici mais présent dans les jours sombres, les corps courbés par le travail acharné et la fatigue incommensurable de vouloir ne jamais échouer.

    Sauf qu’ici, c’est un roman pas un témoignage. Scotchée par ce récit et ses retours en arrière le lecteur suit aussi l’histoire avec un grand H de l’Irak Mais, évidemment, c’est un hommage discret et tendre à ce père, vendeur de cartes postales au bas de la Tour Eiffel, alors qu’Euphrate lui invente des métiers prestigieux sur la fiche du professeur en début d’année.

    La suite ici
    https://vagabondageautourdesoi.com/2023/03/31/feurat-alani/

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